1:22
  • Copié
Barthélémy Philippe / Crédit photo : MAEVA DESTOMBES / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Le jour le plus long, pour Bruno Le Maire et ses équipes au ministère de l'Économie. Ce vendredi soir, aux alentours de 23 heures, l’agence américaine Standard and Poor’s, la plus puissante agence de notation du monde, doit rendre son verdict sur la note souveraine de la dette française. 

La fébrilité règne à tous les étages de Bercy. Il y a un mois, Bruno Le Maire a poussé un ouf de soulagement, lorsqu’il a échappé au couperet des agences Fitch et Moody’s. Et ce, malgré des finances publiques à la dérive : 3.100 milliards de dettes et un déficit public à 5,5% du PIB. Cette fois, le double AA que Standard attribue à la France ne tient qu’à un fil. Même l’entourage de Bruno Le Maire s’attend à une dégradation : "On ne mérite plus notre note", reconnaît-on autour du ministre.

"On a déjà agi"

Malgré tout, le député Renaissance Matthieu Lefèvre espère que les récentes décisions budgétaires du gouvernement vont influencer l’agence : "On a déjà agi. On a réduit de 8 milliards d’euros les dépenses fin 2023, 10 milliards en février 2024 et encore 10 milliards d’ici la fin de l’année. On prendra acte de la décision. Mais encore une fois, on ne gouverne pas pour les agences de notation".

Proche de Bruno Le Maire, le député Louis Marguerite est moins optimiste. Sans partir perdant, il admet tout de même que la sanction pourrait tomber : "On a eu plutôt une meilleure nouvelle que prévu lors du maintien de la note chez Moody’s et Fitch. Là, effectivement, ça pourrait être plus compliqué. Mais voilà, on verra bien. Le sujet, c'est le taux auquel la France emprunte sur les marchés. Ce sera ça le juge de paix". De son côté, l’économiste Marc Touati estime que l’agence américaine doit sanctionner la France : "On aurait dû déjà dégrader la note de la France. Dans les faits, la France ne mérite plus du tout son double AA, le fait de ne pas dégrader la note, ça incite également les dirigeants français, à ne rien faire. Comme il n’y a pas de sanction, on continue".

Si la foudre s’abat sur Bercy, il faudra surveiller l’évolution des taux d’intérêts des obligations françaises dans les prochains. Mais quoi qu’il en soit, la nouvelle serait désastreuse pour le camp présidentiel, déjà en grande difficulté dans les sondages, à quelques jours des Européennes. Si le pessimisme l’emporte, c’est que le constat est implacable : dans le club des pays notés "double AA", où l’on trouve notamment la Belgique et le Royaume-Uni, la France est le plus endetté.