Une croissance qui tousse, des réformes présentées comme nécessaires mais pas toujours populaires, le tout sous l’œil de Bruxelles : le gouvernement va détailler lundi sa recette budgétaire pour 2019, chargée de concilier baisses d'impôts et maîtrise du déficit public.
Une étroite marge de manœuvre. "Nous avons pris des engagements clairs, et nous ne les remettrons pas en cause", avait assuré le Premier ministre Édouard Philippe lors de l'université d'été du Medef, en promettant de maintenir le déficit "sous la barre des 3%". Le bouclage du projet de loi de finances (PLF), qui sera présenté en Conseil des ministres avant d'être débattu durant l'automne au Parlement, a pourtant obligé Bercy à faire preuve d'imagination, faute de réelles marges de manœuvre.
Pourquoi ce budget risque-t-il d'être compliqué à boucler ?
Une croissance au ralenti. Le tassement de la croissance, qui a plafonné à 0,2% au premier comme au deuxième trimestre 2018, oblige le gouvernement à corriger sensiblement ses prévisions de recettes et sa trajectoire budgétaire. Selon Bercy, la hausse du produit intérieur brut devrait atteindre 1,7% en 2019, au lieu des 1,9% initialement attendus. Le ralentissement pourrait même être plus marqué que prévu si l'on en croit la Banque de France, qui parie sur 1,6%.
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La transformation du CICE, une facture de 40 millions d'euros. Le budget 2019 était déjà épineux, avec la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisses de charges pérennes. Cette réforme implique en effet une "année noire" pour les finances publiques, qui devront supporter simultanément le remboursement du CICE pour l'année 2018 et la baisse de cotisations décidée pour 2019, soit une facture globale de 40 milliards d'euros.
Le poids de la dette de la SNCF. L'exécutif devra en outre composer avec la dette de la SNCF Réseau, que l'Insee a décidé d'intégrer à la dette publique, sans attendre sa reprise officielle prévue en 2020 - ce qui devrait accroître le déficit de 0,1 point de PIB.
Plusieurs allègements d'impôts. Le budget devra en outre graver dans le marbre la nouvelle baisse de la taxe d'habitation, le reflux de l'impôt sur les sociétés et la suppression des cotisations sur les heures supplémentaires. L'exécutif va vanter un budget qui, selon l'Élysée, se traduira par un allègement d'impôts de 6 milliards d'euros pour les ménages, malgré des hausses de taxes sur les carburants et le tabac.
Des budgets ministériels en hausse. Plusieurs portefeuilles ministériels sont par ailleurs annoncés en hausse. Celui de l'Éducation nationale augmentera ainsi de 850 millions d'euros. Celui de la Transition écologique gagnera 3,1%.
Quelles solutions sont envisagées ?
Des aides et pensions au point mort. Pour réussir ce numéro d'équilibriste, Bercy a dû se résoudre à procéder à un tour de vis sur les dépenses. Le projet de loi de finances comprendra ainsi un quasi gel des pensions de retraite, des allocations familiales et des aides personnalisées au logement, qui ne seront revalorisées que de 0,3% alors que l'inflation est attendue à 1,3%. De quoi économiser près de trois milliards d'euros.
Une baisse de crédits pour l'emploi. Des efforts seront également demandés aux chambres de commerce et d'industrie, à l'audiovisuel public et l'administration fiscale. La politique de l'emploi, enfin, sera mise à contribution avec une baisse de crédits de 2,1 milliards d'euros, qui passera notamment par une réduction du nombre de contrats aidés.
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Des suppressions de postes dans la fonction publique. Côté fonction publique, cette cure d'amaigrissement se traduira par la suppression de 4.500 postes sur le périmètre de l'État, sur un total de 50.000 prévus d'ici à 2022. Les ministères les plus touchés seront les Comptes publics (2.000 postes) et l'Éducation nationale (1.800).
Une baisse des cotisations patronales plus tardive. "Tout le monde sera mis à contribution", y compris "les entreprises", a promis le ministre des Finances Bruno Le Maire. Ces dernières devront ainsi patienter dix mois avant de bénéficier d'une baisse de cotisations patronales prévue à l'origine pour le 1er janvier.