Loin d'une Assemblée nationale fragmentée et sans majorité, le Sénat a passé au crible les budgets de l'État et de la Sécurité sociale en commission mercredi, promettant "un redressement massif" des finances publiques en "cohérence" avec le projet du gouvernement de Michel Barnier. Plusieurs totems du budget du gouvernement de Michel Barnier vont probablement disparaître.
Un budget raboté
Tout d'abord, l'abandon du gel temporaire des retraites, qui devait rapporter quatre milliards d'euros à l'État. Avec la nouvelle mesure, le gouvernement lâchera jusqu'à 800 millions d'euros. La hausse de la taxe sur l'électricité doit rapporter trois milliards d'euros. Mais la droite républicaine a obtenu une clause de revoyure en janvier pour s'assurer qu'elle augmente le moins possible.
Les macronistes auront aussi leurs concessions. Le coup de rabot sur les baisses de charges des entreprises devrait être adouci. Il rapportera seulement deux milliards d'euros au lieu des quatre milliards d'euros prévus. Selon l'économiste Éric Dor, ces reculades affaiblissent l'objectif initial du budget : "On peut comprendre qu'il faille faire des concessions, mais alors il faut d'autres sources d'économies pour restaurer l'ambition initiale".
Le problème est qu'il n'existe pas grand chose en face de ces concessions comme le souligne l'économiste Mathieu Plane : "Les mesures de compensation comme faire des économies sur l'administration ne sont jamais très claires".
Enfin, l'arrivée du texte dans un Sénat peuplé d'élus locaux risque de fragiliser une autre économie prévue dans le budget : l'effort de cinq milliards d'euros réclamés aux collectivités.