Le projet de budget 2025, dévoilé récemment, suscite des inquiétudes chez les syndicats de police malgré une augmentation notable des crédits alloués à la sécurité. En effet, bien que le budget dédié à la sécurité soit prévu en hausse de près de 600 millions d'euros pour atteindre 17,3 milliards, aucune augmentation d'effectifs n'est envisagée, créant des tensions parmi les forces de l'ordre.
Un budget en hausse mais une pause sur les effectifs
Lors d'une réunion à Beauvau avec les syndicats de police, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné son attachement à "donner du sens à l'action" des policiers, tout en affirmant son engagement à défendre les moyens du ministère. Il a également rappelé les engagements pris dans le cadre de la Lopmi (Loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur), qui prévoyait une hausse budgétaire de 15 milliards d'euros sur cinq ans et l'ajout de 8.500 policiers et gendarmes d'ici 2027.
Malgré cette augmentation des ressources, la stagnation des effectifs inquiète les syndicats. Pour Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Un1té, il est incohérent de faire des thématiques comme les violences intra-familiales, le narcotrafic ou encore l'immigration des priorités sans augmenter les effectifs. Il déplore l'absence de moyens humains supplémentaires pour faire face à des missions de plus en plus complexes et nombreuses.
L'enjeu des centres de rétention administrative (CRA)
Un autre point de crispation soulevé lors de la réunion concerne l'extension des centres de rétention administrative (CRA). Le ministre a annoncé la création de 3.000 places supplémentaires en CRA, ce qui nécessiterait environ 4.500 fonctionnaires de police supplémentaires, selon les calculs de Grégory Joron. Or, dans un contexte de stagnation des effectifs, il se demande comment le ministère pourra affecter suffisamment de policiers à cette tâche sans compromettre les autres missions tout aussi prioritaires.
Les syndicats demandent un soutien politique et médiatique
Du côté du syndicat Alliance, le discours est similaire. Eric Henry, délégué national, a insisté sur la nécessité d’un budget "à la hauteur des enjeux sécuritaires" et a exprimé la volonté que le ministre de l'Intérieur défende les policiers tant dans les médias que vis-à-vis des autres membres du gouvernement. Pour les syndicats, la question du soutien est cruciale, d'autant que les forces de l'ordre ont joué un rôle essentiel lors des événements récents, tels que les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Les policiers attendent également des mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de travail et leur capacité à répondre à la montée des menaces sécuritaires. Ils réclament une plus grande reconnaissance des risques encourus sur le terrain, tout en appelant à ce que les promesses de la Lopmi soient pleinement respectées.
Le budget 2025 prévoit certes une hausse de près de 600 millions d'euros pour la sécurité, mais les syndicats estiment que cela ne suffit pas. Pour eux, cette augmentation doit être accompagnée de renforts en personnel pour faire face à la charge de travail croissante. Les priorités de sécurité publique, les violences intra-familiales, le narcotrafic ou encore la gestion des CRA nécessitent des ressources humaines supplémentaires.