Les produits alimentaires constituent sans doute le meilleur reflet de la vague inflationniste qui s'abat sur l'Hexagone depuis plus d'un an. Ces derniers ont vu leur prix flamber de 14,8% en un an, selon des chiffres de l'INSEE publiés le mois dernier. Un chiffre nettement supérieur à l'inflation globale, estimée à 6,3% entre février 2022 et février 2023. En cause, les fortes augmentations réclamées par les industriels aux distributeurs, justifiées par l'envolée des coûts de production et des matières premières devenues bien dispendieuses.
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Argument valable ? Pas totalement, selon Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution. Sur son blog, le journaliste a recensé plusieurs produits dont le coût des matières premières nécessaires à leur élaboration peine à justifier les prix affichés en rayon. Ainsi, l'inflation sur les huiles de tournesol atteint 22% en moyenne en avril 2023, en comparaison avec l'année dernière. Un chiffre qui grimpe même jusqu'à 33% s'agissant de grandes marques. Le tout alors que le coût de production d'une tonne d'huile a dégringolé passant de 2.366 à 1.088 dollars. Une baisse de 55% nullement traduite sur le ticket de caisse du consommateur.
L'ultimatum de Bruno Le Maire
Même constat pour les biscuits industriels, vendus 15% plus cher cette année alors que la tonne de blé coûte, en moyenne, 40% moins cher. Le café connaît lui aussi un phénomène analogue puisque le coût de production s'est contracté de 16% alors que certaines grandes marques ont appliqué un surcoût allant jusqu'à 29% sur certaines marques. "Certes, le lien n’est pas toujours direct ou proportionnel entre matières premières et PVC (prix de vente conseillés) en rayon. Il est même parfois partiel (le sucre pour des sirops qui intègrent aussi des fruits ou l’huile de tournesol pour une huile multi-variétés, etc.). Il n’empêche : les matières premières donnent une tendance de la direction du vent : inflation ou déflation", écrit Olivier Dauvers sur son blog.
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Selon le spécialiste, seule la volonté "naturelle et légitime" des distributeurs de reconstituer leurs marges peut expliquer un tel décalage. De quoi pousser Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, à taper du poing sur la table et à enjoindre les distributeurs à s'asseoir à la table des renégociations. Tout en leur fixant un ultimatum : "Je leur laisse quelques semaines pour engager ces discussions pour répercuter les baisses de prix que l'on voit sur les marchés de gros. On le voit sur les gros panneaux de la bourse, j'aimerais qu'on le voit dans le Caddie", a-t-il déclaré sur RMC-BFMTV.