Après les "superprofits" des majors européennes, les géants américains des hydrocarbures ExxonMobil et Chevron ont dégagé des bénéfices encore plus juteux au troisième trimestre, 30,9 milliards de dollars à eux deux, s'exposant ainsi à de nouvelles critiques de l'administration américaine. ExxonMobil a gagné 19,7 milliards de dollars sur la période, un niveau jamais atteint auparavant, tandis que Chevron s'est octroyé 11,2 milliards de profits, juste en-dessous de son record du trimestre précédent.
Sous l'effet de l'envolée des prix de l'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine, les groupes européens ont aussi tiré leur épingle du jeu: Shell a dégagé un bénéfice net de 6,7 milliards, TotalEnergies de 6,6 milliards et Eni de 5,9 milliards.
De futures tensions avec le gouvernement américain ?
Cette situation contraste avec celle d'il y a deux ans, quand la chute des prix de l'énergie au début de la pandémie avait conduit à de lourdes pertes pour les groupes d'hydrocarbures. Elle pourrait toutefois raviver les tensions avec le gouvernement américain, le président Joe Biden reprochant régulièrement aux majors pétrolières les juteux bénéfices qu'elles engrangent sans prendre la peine d'augmenter leur production pour faire baisser les prix pour les consommateurs.
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A l'approche des élections de mi-mandat, alors que l'inflation est la principale préoccupation des Américains, son administration tente de faire baisser les prix à la pompe. Il a ainsi récemment annoncé que les Etats-Unis allaient continuer de puiser dans leurs réserves stratégiques, égratignant une nouvelle fois au passage les profits des acteurs du secteur. Les groupes américains assurent pour leur part participer à l'effort collectif en augmentant les volumes pompés aux Etats-Unis.
Récente flambée des prix de l'énergie
ExxonMobil a ainsi affirmé que sa production de brut dans le bassin permien, une zone à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique, n'avait jamais été aussi élevée et que ses raffineries fonctionnaient à une cadence record en Amérique du Nord et à un niveau plus vu depuis 2008 à l'international. Mais ces groupes sont aussi sous la pression d'investisseurs demandant à ce qu'ils limitent leurs dépenses et d'acteurs de la société civile militant pour une baisse de leur production afin de limiter les émissions de CO2.
Comme l'ensemble des majors pétrolières, ExxonMobil et Chevron tirent profit de la récente flambée des prix de l'énergie. Cette dernière se tasse un peu du côté du brut: le baril d'or noir coté à New York, dopé depuis le début de l'année par les sanctions imposées à la Russie après l'invasion de l'Ukraine, s'est échangé sur la période entre 80 et 105 dollars environ, soit moins qu'au trimestre précédent.
+52% de chiffre d'affaires sur un an pour ExxonMobil
Les prix du gaz naturel ont en revanche grimpé en Europe, ExxonMobil soulignant qu'ils ont été tirés par "les inquiétudes sur l'approvisionnement" dans la région "et les efforts effectués pour gonfler les stocks à l'approche de l'hiver". Le chiffre d'affaires de l'entreprise a bondi de 52% sur un an, pour atteindre 112,07 milliards de dollars.
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Le groupe, qui s'est séparé de certains actifs et est sorti de son champ pétrolier en Russie, a pompé un peu moins de pétrole et de gaz naturel qu'au trimestre précédent, sa production s'établissant à 3,72 millions de barils équivalent pétrole par jour sur la période. Il a en revanche écoulé un volume record de produits raffinés, soit 5,54 millions de barils équivalent pétrole par jour.
L'action d'ExxonMobil déjà record
Chez Chevron, le chiffre d'affaires a progressé de 49% à 66,6 milliards de dollars. Le groupe a pompé 3,03 millions de barils équivalent pétrole par jour sur la période au niveau mondial, soit un peu moins que sur la même période l'an dernier en raison de la fin de concessions en Thaïlande et en Indonésie.
Les ventes de produits raffinés ont de leur côté augmenté de 4% en volume, notamment avec une demande accrue de kérosène pour les avions avec la reprise du trafic aérien. L'action d'ExxonMobil, déjà à un record, montait d'un peu moins de 2% dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de la Bourse de New York, tout comme Chevron.