Le petite phrase, prononcée par Carlos Ghosn au détour d'un débat intitulé "travail et innovation", n'est pas pour rassurer les chauffeurs de taxis. Ces derniers, malmenés par l'essor des VTC depuis deux ans, pourrait rapidement avoir affaire à un concurrent encore plus redoutable : la voiture autonome.
La déclaration. "Compte tenu de l'évolution technologique, avec le développement des voitures autonomes, avec le développement à terme des voitures sans chauffeur, moi je peux vous dire déjà que dans vingt ans il n'y aura plus de taxis, enfin il n'y aura plus personne dans les taxis, c'est une réalité", a déclaré le PDG du groupe Renault-Nissan, samedi dans le cadre des 15e Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. Il reste néanmoins deux obstacles : que la technologie soit au point et que la législation s'adapte.
En ce qui concerne le premier point, les choses avancent rapidement. "Dans un délai de dix ans, les voitures sans conducteur seront techniquement prêtes", a assuré Carlos Ghosn. C'est sur le second point que les choses se compliquent : "Aujourd'hui, ce qui limite le développement des voitures autonomes ou des voitures sans conducteur, c'est le régulateur", a-t-il poursuivi, avant de rajouter : "aujourd'hui, quand vous conduisez une voiture, vous n'avez pas le droit d'enlever les mains du volant, vous n'avez pas le droit de lever les yeux de la route." La réglementation actuellement en vigueur oblige en effet le conducteur à rester à tout moment maître de son véhicule, même si celui-ci est en fait piloté grâce à l'ordinateur et aux capteurs embarqués.
Où en sont les projets de voiture autonome ? Aux seuls Etats-Unis, pas moins de quatre entreprises ont déjà investi ce secteur (Google Car, Tesla, General Motors, Delphi), mais aussi deux universités (l'Université de Californie-Berkeley et l'Université du Michigan). La France n’est pas en reste puisque Valeo en a aussi fait une priorité : en janvier 2015, lors du Consumer Electronics Show, l’équipementier tricolore a ainsi dévoilé la Cruise4U, une VW Golf break autonome conçue pour évoluer en conduite urbaine ou suburbaine. Le groupe PSA a également annoncé travailler sur la voiture autonome en février dernier. Quand au groupe Renault-Nissan, il s'est associé... à la Nasa.
La circulation de ce type de véhicule débutera probablement d'abord sur des portions bien délimitées du réseau en périphérie urbaine, là où les intersections sont moins nombreuses, les vitesses modérées et les embouteillages les plus fréquents. Google, précurseur avec sa Google Car, doit procéder à des tests grandeur nature sur la voie publique à partir de cet été mais ses prototypes seront équipés d'un volant et de pédales de frein et d'accélérateur, contrairement aux projets initiaux du groupe de Mountain View.