Des membres du bureau des procureurs de Tokyo ont de nouveau arrêté Carlos Ghosn jeudi matin à son domicile de la capitale japonaise sur de nouveaux soupçons de malversations financières, ont annoncé simultanément plusieurs grands médias japonais.
Cette deuxième arrestation, "extrêmement rare" selon la chaîne publique NHK, intervient alors que le magnat de l'automobile, libéré sous caution il y a à peine un mois après plus de 100 jours en détention, avait annoncé mercredi via Twitter qu'il prévoyait une conférence de presse le 11 avril.
Que s'est-il passé ?
Une tenture grise a été dressée devant l'immeuble où réside l'ancien patron emblématique de l'alliance Renault-Nissan, selon des images diffusées notamment par la chaîne de télévision publique NHK. Les enquêteurs sont arrivés sur place un peu avant 6h locale (mercredi 21h GMT) et une voiture a quitté les lieux environ une heure plus tard, d'après le direct diffusé sur la chaîne Nippon TV. Selon le journaliste de cette télévision privée, M. Ghosn était à bord.
Peu après, un journaliste de l'AFP sur place a vu trois hommes en costume sombre montant la garde devant l'issue du parking de l'immeuble et un policier en patrouille, tirant un drap pour camoufler la scène, tandis que des dizaines de journalistes étaient rassemblés non loin. Aucune confirmation des autorités n'étaient cependant disponible.
Que lui reproche-t-on ?
Déjà sous le coup de trois inculpations pour déclarations inexactes de revenus sur les années 2010 à 2018, dans des documents remis par Nissan aux autorités financières, et pour abus de confiance, Carlos Ghosn est désormais sous la menace d'une quatrième mise en examen. Le parquet le soupçonne d'avoir transféré des fonds de Nissan, pour un total de 15 millions de dollars entre fin 2015 et mi-2018, à une société "de facto contrôlée par lui".
Sur cette somme, 5 millions ont été détournés, a précisé le bureau des procureurs dans un communiqué. "Le suspect a trahi sa fonction (de patron de Nissan) pour en tirer des bénéfices personnels", a-t-il souligné. Selon une source proche du dossier, le procédé a débuté dès 2012, portant sur une somme totale de plus de 30 millions de dollars versée à un distributeur de véhicules Nissan à Oman, montants dont une partie lui serait revenue indirectement. Il aurait notamment acheté un yacht et investi dans une société dirigée par son fils aux Etats-Unis.
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Des flux financiers similaires ont été signalés la semaine dernière par Renault à la justice française, à l'issue d'une enquête interne du constructeur qui s'interroge aussi sur des dépenses opaques au sein de la filiale commune avec Nissan, RNBV, basée aux Pays-Bas.
Comment réagit-il ?
L'ex-PDG de Renault-Nissan a dénoncé une "arrestation révoltante et arbitraire", dans un communiqué transmis à l'AFP. "Pourquoi venir m'arrêter alors que je n'entravais en rien la procédure en cours sinon pour me briser ?", lance-t-il. Et d'ajouter : "Je suis innocent de toutes les accusations infondées portées contre moi et des faits qui me sont reprochés". Son avocat Junichiro Hironaka s'est lui aussi insurgé contre de telles méthodes : "Nous ne comprenons pas pourquoi ils ont besoin de le placer en détention. (...) C'est extrêmement injuste". Cette arrestation "fait partie d'une nouvelle manoeuvre de certains individus chez Nissan qui vise à m'empêcher de me défendre en manipulant les procureurs", a-t-il accusé, reprenant le thème du "complot" brandi dans de précédentes interviews accordées en prison.
Ce nouveau rebondissement dans un interminable feuilleton, qui s'est ouvert le 19 novembre avec l'arrestation surprise de celui qui était alors le tout-puissant PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, intervient alors même qu'il avait décidé de prendre la parole pour la première fois depuis sa sortie de prison. Ghosn, 65 ans, avait annoncé mercredi via Twitter, de façon impromptue, qu'il s'exprimerait devant la presse le 11 avril.
"Je me tiens prêt à dire la vérité à propos de ce qui se passe. Conférence de presse jeudi 11 avril", avait-il écrit dans un court message sur un compte certifié, qui, selon une porte-parole, est administré par ses avoc