Alors que le patron de Renault, Carlos Ghosn, pourrait être prochainement libéré sous caution au Japon, le dossier d'accusation qui pèse sur lui se précise, comme l'explique Nicolas Barré sur Europe 1 jeudi, relayant des informations des Échos.
La société RNBV comme "boîte noire". Selon des documents internes de Nissan consultés par Les Échos, des échanges de mails et des factures, notamment, orientent les soupçons sur la société détenue à parts égales par Nissan et Renault afin de superviser leur alliance : RNBV (Renault Nissan BV), immatriculée aux Pays-Bas. Cette structure était "une boîte noire", a confié un ancien haut dirigeant du groupe japonais. Elle servait depuis 2010 à payer une compensation complémentaire à Carlos Ghosn en passant sous les radars du fisc japonais.
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Par exemple, dans un mail confidentiel d'avril 2010, le bras droit de Carlos Ghosn, Greg Kelly - lui aussi détenu en prison à Tokyo - évoque la possibilité de faire transiter une partie de la rémunération de Carlos Ghosn par cette société RNBV, "sans avoir à en divulguer les montants publiquement" comme l'aurait exigé une nouvelle réglementation japonaise.
Un montage pour camoufler le montant des rémunérations de Carlos Ghosn. Finalement, c’est une autre solution qui a été retenue pour éviter de dévoiler le montant total des rémunérations du PDG : le paiement différé de la moitié des compensations qui lui sont versées. Un montage destiné à camoufler ces sommes aux yeux des autorités japonaises et qui a justifié la première mise en examen de Carlos Ghosn et de son bras droit.
Un moyen pour faire des dons ? La société RNBV a également été mobilisée, selon l'accusation japonaise, pour effectuer des paiements qui ne relevaient pas de la mission du PDG. Par exemple, elle a servi à faire des donations au collège jésuite Notre-Dame de Jamhour dans les hauteurs de Beyrouth, au Liban, où Carlos Ghosn a été élève, ou à l'université américaine qui a reçu 50.000 dollars en 2015, comme l'attestent des mails de ces paiements qui devaient rester confidentiels.
La "Carlos Ghosn Library". Entre 2011 et 2015, l'université Saint-Joseph de Beyrouth a reçu une donation d’un million de dollars. Un acte de générosité qui a valu à la bibliothèque de l'établissement d'être baptisée "Carlos Ghosn Library". Quatre amphithéâtres devaient également porter les noms de "Renault", "Nissan", "Infiniti" et "Dacia". "La promotion de l'éducation est une partie importante de l'objet des fondations Renault et Nissan", s'est défendue Mouna Sepehri, une proche de Carlos Ghosn, dont le nom apparaît à plusieurs reprises comme destinataire ou auteure de certains mails.