Ce qu'a décidé la zone euro pour la Grèce

Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne, et Donald Tusk, président du conseil européen.
Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne, et Donald Tusk, président du conseil européen.
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B.B avec AFP , modifié à
Pour arracher un accord, Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a dû faire des concessions.

Non, il n'y aura pas de "Grexit". Après des négociations interminables dans la nuit de dimanche à lundi, les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro sont finalement parvenus à un accord sur un éventuel troisième plan d'aide international à la Grèce, assorti de conditions draconiennes. Quant à la dette grecque, elle pourrait être assouplie ultérieurement. Voilà les principaux points de cet accord, qui nécessitera d'énormes efforts du peuple grec.

• ALLER VITE

"On a perdu confiance en Tsipras. C'est lui qui a unilatéralement interrompu les négociations en cours pour proposer, sans aucune préparation, un référendum !" Invitée lundi matin d'Europe 1, Susanne Wasum-Rainer, ambassadeur d’Allemagne en France, a dit tout haut ce que les Allemands pensent tout bas. Mais ils ne sont pas les seuls à se méfier du Premier ministre grec. Donc, "vu le besoin de rétablir la confiance", la Grèce doit "légiférer sans délai", peut-on lire dans l'accord.

D'ici mercredi, la Grèce doit "rationaliser le système de TVA et élargir sa base pour augmenter ses revenus", "améliorer la soutenabilité du système de retraites", "assurer l'indépendance de l'institut statistique ELSTAT", "mettre en place une Autorité fiscale indépendante et un mécanisme de réduction automatique des dépenses en cas de ratage des objectifs budgétaires". Des mesures impératives pour commencer à discuter d'un plan d'aide. Autant dire que Tsipras a du pain sur la planche.

• REFORMER

Outre ces préalables, le gouvernement grec doit "sérieusement renforcer ses propositions de réformes" s'il veut obtenir un accord définitif. Les créanciers exigent "un ambitieux programme de réformes des retraites", "des reformes plus importante du marché intérieur", notamment dans le domaines des soldes, des pharmacies, des boulangeries, de l'ouverture des commerce le dimanche. Ils veulent aussi la privatisation du réseau de transport électrique (ADMIE) et exigent une "modernisation" et un "examen rigoureux" du marché du travail afin d'"aligner les politiques de l'emploi sur les standards internationaux et européens".

Enfin, la Grèce devra aussi "moderniser (...) son administration" et notamment la "dépolitiser" à travers un programme spécifique. La Grèce doit présenter ses projets sur ce point d'ici lundi prochain.

• PRIVATISER

Le gouvernement est également invité à "mettre en œuvre un programme de privatisation plus développé", à travers la création d'un fonds ad hoc, qui a fait l'objet d'âpres négociations.

"Les actifs grecs de valeur seront transférés à un Fonds indépendant qui les monétisera par des privatisations ou d'autres moyens". Ce Fonds devra générer 50 milliards d'euros, dont 50% serviront à recapitaliser les banques grecques au bord de l'asphyxie financière. Quelque 12,5 milliards serviront au désendettement et 12,5 milliards pour des investissements. Ce Fonds sera basé en Grèce et sera géré par les autorités grecques sous la "supervision" des autorités européennes.

• PARLER

Depuis le début de la crise, le gouvernement Syriza n'entretient pas de très bonnes relations avec les institutions financières, et c'est un euphémisme. Il va devoir s'y faire. La Grèce doit "normaliser les relations avec les Institutions (Commission, BCE, FMI, ndlr), y compris lors du travail sur le terrain à Athènes". De plus, elles auront un droit de regard sur certains projets de lois ou de référendum et le FMI continuera d'être associé au programme grec

La Grèce doit "normaliser les relations avec les Institutions (Commission, BCE, FMI, ndlr), y compris lors du travail sur le terrain à Athènes". Ces institutions sont honnies par le gouvernement Syriza et ses sympathisants.

De plus, elles auront un droit de regard sur certains projets de lois ou de référendum et le FMI continuera d'être associé au programme grec, y compris au delà de l'échéance de mars 2016, date à laquelle il devait s'achever.

• (SE) FINANCER

L'ensemble de ce troisième programme pourrait représenter de 82 à 86 milliards d'euros, dont 10 à 25 milliards d'euros à prévoir pour les banques, en cas de recapitalisation ou de liquidation. Les chefs d'Etat et de gouvernement demandent également à l'Eurogroupe de trouver une solution transitoire pour permettre à la Grèce de faire face à ses besoins urgents de financements (12 milliards d'euros d'ici mi-août) et pour lui permettre de payer ce qu'elle doit, notamment au FMI.