"A fond la forme" pour les clients et "A fond le bien-être" pour les collaborateurs. Pour la deuxième année de suite, Decathlon a été distinguée par le cabinet Great Place to Work comme entreprise la plus appréciée par ses salariés en France (parmi celles de plus de 5.000 employés). Elle devance notamment Kiabi, Leroy Merlin et McDonald’s. Déjà honorée en janvier du titre d’enseigne préférée des Français, Decathlon suscite l’adhésion de la quasi-totalité de ses salariés qui se disent, selon l’étude*, fiers et heureux d’y travailler. Le fruit d’un management qui fait la part belle à la confiance.
Bonne ambiance. Dans le détail, 90% des 23.000 salariés de l’enseigne sportive déclarent être "fier" d'y travailler, 89% affirment que l’ambiance est "conviviale" et 88% estiment que "le management gère l’entreprise de façon honnête et en respectant des règles éthiques". Cette confiance accordée aux managers, on la retrouve effectivement dans la bouche des salariés de Decathlon, qu’ils soient restés quelques mois ou quelques années. "Il y a vraiment une bonne ambiance comme il y a beaucoup d'étudiants. Les managers sont assez jeunes aussi en général donc au niveau hiérarchique c'est assez sympa", se souvient Kévin qui a travaillé cinq ans au magasin de La Défense.
Rémi, la vingtaine, a lui travaillé pendant quatre mois au Decathlon d’Herblay, "le plus gros magasin d'Île-de-France", quand il était étudiant. Ce mordu de foot et de rugby a été embauché en CDD comme vendeur au rayon… montagne, pour épauler les CDI lors d’une période intense. "L'ambiance était décontractée car on était entre jeunes. Il y avait un ou deux CDI à la clef à temps partiel, donc ça motivait les plus déterminés. On se posait souvent la question de "qui allait être recruté" car le travail est cool là-bas. C'est un univers sportif, avec des jeunes et la paye n'est pas trop mauvaise car tu travailles le dimanche", raconte-t-il.
" Pour qui est volontaire, il y a la possibilité d’évoluer très vite "
Formation et évolution. Tous deux ont été employés à temps partiel pour suivre leurs études en parallèle. Ce qui ne les a pas empêchés de se sentir considérés. "Les emplois du temps sont très flexibles pour les étudiants, et la rémunération est attrayante, malgré le Smic, grâce à l'épargne salariale qui est intéressante", fait valoir Kévin. "Et puis tu es bien formé, tant au niveau des produits que des méthodes commerciales, donc tu t'adaptes assez rapidement. Personnellement, j'y suis entré à 18 ans et on m'a vraiment accompagné pour me faire progresser." Pendant ses cinq ans passés au rayon des sports de raquette, il a aussi vu ses missions évoluer. "Au fur et à mesure que je me sentais plus à l'aise, on m'a confié la gestion d'une partie du rayon (approvisionnement, agencement, ...)", précise-t-il.
"Nous misons sur un management qui rend les équipes responsables. Les objectifs sont humains avant d’être économiques", avance ainsi Xavier Rivoire, responsable communication recrutement et marque employeur de Decathlon. Une méthode éprouvée par Kévin alors qu’il portait le célèbre gilet blanc et bleu de l’enseigne, en CDI à temps partiel. "C’était du management de proximité, avec tutoiement de rigueur, pas mal de confiance et d'autonomie", détaille-t-il. Autonomie qui peut déboucher sur de nouveaux horizons. "Pour qui est volontaire, il y a la possibilité d’évoluer très vite, à la fois hiérarchiquement, mais aussi par le biais de passerelles entre les différents métiers – nous en avons plus de 400 – et services", explique Xavier Rivoire, avant d’ajouter que "la moitié des directeurs de magasin ont commencé en stage ou en CDD".
" Le travail le dimanche c’est une condition sine qua non pour être embauché "
Des pressions comme partout. De sa courte expérience, terminée il y a trois ans, Rémi garde de bons souvenirs, même si chez Decathlon aussi la pression existe. "Quand ton responsable te dit que tu fais une mauvaise semaine, tu crains pour ton futur CDI. Mais globalement, le management n'est pas horrible !", assure-t-il. A condition toutefois d’être déterminé, selon lui. "Le travail le dimanche c’est une condition sine qua non pour entrer. On ne te l'impose pas en entretien d’embauche mais on te demande si tu serais disponible et motivé. Sachant qu'il y a une pile de CV tu dis forcément oui", souligne le jeune homme. Et derrière, il faut constamment montrer sa détermination : "Il y avait une concurrence avec les CDI car eux aussi veulent travailler le dimanche. Donc ils essayent de faire du copinage avec le responsable".
Roxane, qui a également travaillé comme vendeuse chez Decathlon, est plus contrastée au moment de raconter son expérience. Selon elle, "l'hyper-autonomie" accordée aux nouveaux arrivants est aussi opportuniste. "Pour la direction, c'est aussi un moyen de réduire la chaîne hiérarchique et donc d'avoir moins de gens qualifiés et payés plus cher. Les vendeurs se retrouvent à faire énormément de choses mais gardent un salaire de vendeur", décrit la jeune femme. Roxane parle d'une organisation en vase clos : "Ce sont les vendeurs qui forment les vendeurs, on leur propose de devenir formateur mais tout se fait en interne".
Flexibilité contrainte. Quant à la flexibilité vantée par certains, l'ex-vendeuse en garde un tout autre souvenir. "Les contrats stipulent un nombre d'heures par semaine, mais c'est lissé sur l'année. Du coup, tu peux faire des semaines de malade et ne plus travailler pendant trois semaines pour compenser. Résultat, il y a des salariés qui signent pour 20 heures par semaine afin d'avoir du temps à côté mais qui se retrouvent à faire 35 heures", explique Roxane, restée deux ans chez Decathlon.
Team-building sportif. Decathlon n’est pas l’entreprise parfaite, Xavier Rivoire le reconnaît bien volontiers. "Parfois il y a des jours où on arrive fatigué le matin, les tâches peuvent être ingrates ou répétitives. Mais l’objectif c’est qu’une fois la journée entamée, il y ait une véritable émulation au sein des équipes." Pour ce faire, le management est structuré autour d'événements. La gestion du personnel passe beaucoup par le team-building et les activités sportives entre "coéquipiers". De quoi forger des liens. "On attendait patiemment les calendriers pour voir avec qui on travaillait. Il y a pas mal d'histoires d'amour qui commencent à Decathlon", assure Rémi, qui glisse avec le sourire : "Je peux en témoigner…".
*Le cabinet Great Place to Work réalise un "culture audit" (payant, 5.900 euros minimum) au sein des entreprises qui se portent volontaires pour intégrer le classement. Un sondage de 64 questions est transmis aux salariés et les résultats permettent de déterminer un "trust index", un indice de confiance. Sur les 244 entreprises qui ont postulé cette année, seules 79 ont répondu aux critères (avoir au moins 66% de réponses positives).