"Une arnaque", selon les mots de Bruno Le Maire. Jeudi, le ministre de l'Économie s'est attaqué à la "shrinkflation" et a annoncé présenter un texte de loi début octobre pour lutter contre cette pratique. Dans le même temps, le directeur général de Carrefour, Alexandre Bompard, a indiqué que des affiches seront disposées dans les rayons des supermarchés du groupe, pour indiquer les produits concernés par ce phénomène. Mais de quoi s'agit-il ?
Le mot "shrinkflation" est un anglicisme qui mélange les termes "shrink", qui signifie rétrécir, et "inflation". Il s'agit d'une pratique marketing utilisée par les industriels qui consiste à réduire le poids d'un produit et à conserver un emballage identique, tout en le vendant au même prix, voire en augmentant celui au litre ou au kilo. Autrement dit, c'est une manière dissimulée d'augmenter les tarifs et de masquer l'inflation.
Une pratique légale ?
Pourtant, cette pratique n'est pas illégale si le nouveau poids du produit est indiqué sur l'emballage. En septembre 2022, l'association Foodwatch avait lancé une pétition pour dénoncer cette pratique. Selon l'ONG, le problème réside avant tout dans un "manque de transparence" qui "induit les consommateurs en erreur tant sur le format que sur le prix de produits qu’ils ont l’habitude d’acheter".
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À l'époque, Foodwatch alertait sur la nécessité de voir "industriels et distributeurs s’engager pour une information claire en face avant des produits, signalant ces changements de format afin que cette pratique ne puisse plus s’opérer à l'insu" des acheteurs. Une mesure également souhaitée par Bruno Le Maire. Le ministre a assuré inscrire dans le projet de loi prévu début octobre "une disposition qui obligera les industriels à faire figurer de manière très visible la réduction de contenu quand ils gardent le même packaging".
Fin août, la présidente du groupe la France insoumise à l'Assemblée, Mathilde Panot, a également déposé une proposition de loi pour lutter contre ce phénomène. La députée souhaite que la "shrinkflation" soit considérée comme une pratique trompeuse, et soit donc interdite.
Quels produits sont concernés ?
Chips, boissons, biscuits... Des dizaines de produits sont concernés par la "shrinkflation". L'année dernière, l'association Foodwatch dévoilait une liste de produits qui ont vu leur poids baisser, mais pas leur prix. Étaient notamment pointés du doigt "le fromage à tartiner Kiri, la margarine Bio de St Hubert, l’eau gazeuse Salvetat, le sucre blanc de Saint-Louis, les chocolats Pyrénéens de Lindt, le sirop de grenadine de Teisseire, la boisson Cranberry Ocean Spray". BFMTV vient également de publier une liste de produits dont la quantité a baissé et le prix a augmenté. Glaces, couches pour bébés ou encore nourriture pour animaux sont concernés.
La ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l'artisanat et du tourisme, Olivia Grégoire, devrait saisir d'ici à la fin du mois le Conseil national de la consommation pour enquêter sur cette pratique.