Des chaudières à un euro : c’est l’offre choc dévoilée lundi par Engie, application concrète de l’appel du gouvernement pour aider les Français à réduire leur facture énergétique. "On veut augmenter le pouvoir d’achat en changeant à la maison tous les équipements de chauffage vétustes, et ce pour une raison simple : ils consomment beaucoup plus que les équipements modernes", explique Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, invitée de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, mardi sur Europe 1.
Écoutez l'interview intégrale d’Isabelle Kocher à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
Une trentaine d’euros d’économies par mois. Si Engie lance cette offre d’une chaudière à un euro, c’est parce qu’il y a une "barrière à l’achat", selon Isabelle Kocher : le prix. "Les gens veulent bien changer de chaudière mais ils nous disent : 'c’est trop cher'. Il y en a de très bonnes pour 3.000-3.500 euros mais même à ce prix-là, c’est beaucoup d’argent d’un coup." Pourtant, l’investissement est rentable : "une chaudière à gaz de plus de 15 ans consomme 30% d’énergie de plus qu’une chaudière moderne", rappelle la patronne d’Engie. Par mois, cela peut représenter "une trentaine d’euros d’économie".
Mais comment peut-on proposer une chaudière à un euro ? "Nous avions déjà l’an dernier des offres pour permettre aux gens de ne pas faire un chèque à l’achat. Ce que nous faisons de plus maintenant, c’est que nous incorporons dans ces offres les aides de l’État", explique Isabelle Kocher sur Europe 1. "Nos clients nous le disent aussi : ils ne comprennent rien aux aides. Donc on s’occupe de tout et quand on met tout bout à bout, on arrive à ce que les personnes ne payent qu’un euro symbolique au moment de l’installation."
Une transition écologique compétitive. Avec les critères de l’État, "quatre millions de personnes sont concernées" par les chaudières à un euro. "Ce sont les personnes les moins aisées qui vont pouvoir en bénéficier. Il y a une très grosse attente, nous avons énormément d’appels et de connexions à notre site Internet. Mais nous sommes organisés pour faire face", assure Isabelle Kocher. À noter qu’il n’y a pas besoin d’être client d’Engie pour pouvoir profiter de l’offre. Il faut simplement être éligible. Après les chaudières, la patronne d’Engie promet, sans les détailler, des offres pour remplacer les vieux radiateurs, "en juin".
Cette offre s’inscrit dans la stratégie d’Engie de mettre en place "la transition énergétique compétitive". "Il faut préparer cette transition maintenant sinon ce sera trop tard. Mais il faut qu’elle soit compétitive : la facture ne doit pas augmenter pour les particuliers – le mouvement des "gilets jaunes" nous le rappelle de façon spectaculaire, mais aussi pour les entreprises", souligne Isabelle Kocher.
Économies d’énergie à grande échelle. "Il faut trouver le moyen pour que l’énergie soit décarbonnée et moins chère. Il n’y a qu’une solution : les économies d’énergie à grande échelle", martèle la directrice générale d’Engie. Cela passe déjà par le remplacement des vieilles chaudières et les économies d’énergie des ménages, mais aussi par d’autres innovations. "Avec les LED et les ampoules connectées, on arrive à rendre un meilleur service d’éclairage pour deux fois moins cher. Et si ça coûte moins cher aux villes, ça coûte moins cher aux contribuables à la fin."
Pas d’engagement ferme sur le prix du gaz. Toujours sur le thème du pouvoir d’achat, le prix du gaz a baissé de 2% au 1er janvier et le gouvernement s’est engagé à ce qu’il n’augmente pas jusqu’en juin 2019. Mais après ? "Ensuite, on fera le maximum pour le garder stable mais ça dépendra du prix auquel nous le vendent nos partenaires producteurs (Algérie, Russie…)", répond Isabelle Kocher, qui explique "ne pas pouvoir s’engager" à ce que le prix du gaz n’augmente pas à nouveau.
Mais il faudra aller plus loin sur le long terme. "Pour arriver à maîtriser le prix du gaz, il faut développer la production locale de gaz décarbonné et réduire la dépendance aux importations", avance la patronne d’Engie. Sauf que la France n’a pas ou peu de réserves de gaz naturel. Il faut donc en inventer : "c’est ce qu’on appelle le biométhane, produit à partir de déchets agricoles ou ménagers. Avec l’hydrogène, c’est l’avenir. Dès 2023, nous visons 400 installations de biométhanisation. Mais l’objectif de 100% de gaz vert, ce sera plutôt pour 2050".