Dans sa note de conjoncture publiée mercredi, l'Insee anticipe désormais, grâce à une reprise "très nette de l'activité depuis la mi-mai", une chute du produit intérieur brut (PIB) de 17% au deuxième trimestre, contre 20% lors de sa précédente estimation. Un rebond permis par l'accélération du déconfinement que l'on observe déjà sur les chiffres de la consommation, explique Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’Insee, sur Europe 1 jeudi.
La consommation "se tient bien"
Les Français se remettent à dépenser. En termes de consommation, "on était à -30% en avril. Et maintenant, on serait à -7%", observe Jean-Luc Tavernier. Et si les Français consomment plus, cela s'explique mécaniquement par le fait qu'ils n'ont pas pu consommer comme avant pendant le confinement car "tout un pan de la consommation a été mis sous cloche". Il est donc logique que la consommation reparte maintenant que la France est déconfinée.
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Mais le directeur de l'Insee note que même si "on avait l'impression qu'on était autour de -7%" au moment du déconfinement à la mi-mai, on pouvait penser que cela était dû à "des phénomènes de rattrapage" et que la consommation "se tiendrait moins bien après". En réalité, la consommation "se tient bien". Ce qui permet d'envisager des chiffres encourageants, même si toujours en-dessous de la normale, en juin. "On pense qu'en juin, on sera à 5% en-dessous de la normale en matière de consommation, ce qui n'est pas si mal", fait-il remarquer.
"Les prix des produits frais restent encore élevés"
Le rebond de la consommation des ménages observé juste après le confinement semble donc "durable", comme le qualifiait mercredi Julien Pouget, responsable du département de la conjoncture de l'Insee. Pourtant ces derniers mois, l'Insee a souligné la hausse des prix à la consommation, des produits frais en particulier qui affichaient en avril une hausse de 17,8% sur un an, 17,3% en mai.
Des produits dont les prix "restent encore élevés" actuellement. L'Insee table sur une hausse encore élevée, de 14,9%, en juin. En revanche, Jean-Luc Tavernier note que "des tas de prix sont orientés à la baisse", notamment les prix des carburants qui, même s'ils augmentent, "restent très très bas".
Une reprise de la consommation qui s'explique peut-être aussi par le fait que même si le revenu des ménages a baissé, cette baisse a été limitée grâce aux amortisseurs mis en place par l'État. "Le choc de PIB, et donc de revenu de l'ensemble du pays, est historique" mais il a été "majoritairement absorbé" par l'État et les administrations publiques, et "un peu" par les entreprises.
Le revenu des ménages a baissé mais dix fois moins que le consommation
La part absorbée par les ménages est donc "finalement minoritaire en moyenne", observe Jean-Luc Tavernier, tout en ne niant pas que certains ménages sont tout de même "dans des situations difficiles". En avril, le revenu des ménages "baisserait de 2,7%" soit "dix fois moins que la consommation", appuie-t-il.
L'avenir de cette reprise, avec des secteurs plus ou moins touchés, dépendra donc de l'impact et de la durée des protocoles sanitaires dans les entreprises, du comportement de consommation et d'investissement des ménages et des entreprises, et enfin du contexte international qui reste "incertain", note l'Insee.