Le début de l'année 2021 va-t-il s'accompagner d'un retour des salariés au bureau ? L'interrogation paraît audacieuse alors que la circulation du virus responsable du Covid-19 reste importante dans l'Hexagone et que des craintes concernant une recrudescence de l’épidémie après les fêtes n'ont cessé d'être exprimées au cours des dernières semaines. Pourtant, cette question alimente beaucoup de discussions dans les entreprises et l'aspiration de certains salariés à retrouver leur poste en présentiel peine à être contenue.
"Les gens ont besoin de se retrouver au bureau"
Alors qu'une grande partie des Français reprennent le travail ce lundi, nombreux sont ceux pour qui ce travail sera à nouveau fait à distance. Sur le papier, la recommandation du gouvernement de privilégier le télétravail "partout où c’est possible" est toujours là. Mais les directeurs des ressources humaines questionnés par Europe 1 confirment que la pression n'est plus la même qu'il y a deux mois de la part de l'administration. Petit à petit, la petite phrase de la ministre du Travail Elisabeth Borne - "le télétravail n’est pas une option" - pourrait bien être mise en sourdine.
En réalité, cette règle n’a jamais été respectée partout. Des entreprises ont traîné les pieds. D’autres ont voulu jouer le jeu, mais se sont parfois opposées aux demandes de leurs salariés. PDG du groupe de courtage et de services en protection sociale Henner, qui emploie 1.500 salariés dont 75 % de femmes, Charles Robinet-Duffo raconte ainsi avoir "dû lutter pour faire en sorte que la présence sur site soit inférieure à 40%".
"Si on avait laissé les choses se faire naturellement (sur la base du volontariat), on dépassait les 50%, parce que les gens ont besoin de se retrouver au bureau, dans leurs équipes, pour travailler. Ça leur fait du bien. Ça fait partie de l’équilibre de leurs journées, de leurs semaines...", relate-t-il au micro d'Europe 1. "On souffre d’un manque d’échanges avec un télétravail trop massif."
"Les entreprises ont besoin de donner à leurs salariés un peu de perspectives"
Comment expliquer cette lassitude de certains salariés pour le télétravail ? Pour beaucoup, le deuxième confinement a été moins bien vécu que le premier, lors duquel le télétravail était vu comme une parenthèse nécessaire dont on allait sortir. Le deuxième confinement a alors résonné comme l’entrée dans une nouvelle phase où cette forme de travail est devenu un mode durable. Cette phase a pu générer un sentiment de fatigue accru qui subsiste.
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D’où un défi majeur identifié au sein des entreprises : comment faire comprendre aux salariés qu’on passe à autre chose en ce début d'année ? "Les entreprises ont besoin de donner à leurs salariés un peu de perspectives pour recréer des collectifs et un peu de dynamique interne", résume Benoît Serre, le vice-président de l’Association nationale des DRH.
"Beaucoup, d’ailleurs, commencent à se préparer à avoir des axes de communication plus transparents pour dire 'on redémarre une année, voici les projets de 2021 sous réserve que la crise sanitaire s’amenuise'. C’est ça le sujet des entreprises aujourd’hui." Mais pour que cette dynamique s’enclenche, il ne faudrait, bien sûr, pas de troisième confinement.