Coronavirus : les prêts garantis par l'Etat, un dispositif pour la survie des entreprises
Pour faire face à la crise sanitaire, les demandes de prêts garantis par l'Etat se multiplient pour les entreprises. Samedi, 200.000 demandes étaient déjà arrivées dans les réseaux bancaires. Et 150.000 dossiers ont déjà été traités, pour un montant total de 22 milliards d'euros, analyse Nicolas Dufourcq, directeur de BPI France, banque d'investissement publique.
Alors qu'Emmanuel Macron prend la parole ce lundi soir pour annoncer un probable prolongement du confinement en France, les entreprises accusent le coup. L’impact est très lourd pour des pans entiers de l’économie. Pour faire face à la crise du coronavirus , elles sont donc nombreuses à demander des prêts garantis par l’Etat. Il y aurait environ 20.000 nouvelles demandes chaque jour, selon un responsable du secteur bancaire. Samedi soir, plus de 200.000 demandes étaient arrivées dans les établissements bancaires, selon les informations d’Europe 1.
150.000 prêts accordés
"Actuellement, 150.000 prêts garantis par l'Etat ont été accordés pour un total de 22 milliards d’euros", précise sur Europe 1 Nicolas Dufourcq, directeur général de de BPI France, banque publique d'investissement. "Et les 14.000 agences bancaires du réseau en France sont en train d'instruire pour 40 milliards d'euros de prêt. Tout cela est la matérialisation du pont aérien de cash lancé il y a un mois".
Actuellement, ce dispositif de prêt garanti par l'Etat, aussi appelé PGE, a été calibré pour un montant équivalent à trois mois de chiffre d’affaires.
Ce sont dans les secteurs de l'hôtellerie et du commerce que les demandes sont les plus fortes. Si les réseaux bancaires totalisent 20.000 nouvelles demandes chaque jour, Nicolas Dufourcq estime que le dispositif va continuer de monter en puissance. "Le chômage partiel a déjà été demandé par 700.000 entreprises. Cela donne une idée du potentiel du PGE", précise-t-il.
Peu de critères de refus
Pour les structures les mieux notées à la Banque de France, l'octroi du prêt est quasi automatique. Mais dans certains cas, l'obtention de ce prêt peut poser problème et nécessiter une étude plus poussée. "C'est le parcours du combattant qui commence", note une source patronale. "Les banques jouent le jeu", rassure Nicolas Dufourcq. "Il y a une forme d'union sacrée". Si le taux de refus des prêts n'est pas encore comptabilisé, le directeur général de la BPI assure qu'une normalisation était en cours au sein des agences bancaires pour favoriser ce dispositif "d'intérêt général, peu risqué pour les banques", précise-t-il.
Les cas de rejet de prêt sont majoritairement limités aux entreprises déjà en difficulté avant la crise sanitaire : celles en situation de cessation de paiement au 31 décembre 2019 par exemple. Autre motif plus technique qui pourrait motiver un refus : les entreprises considérées "en difficulté" au sens de la réglementation européenne, c'est-à-dire celles qui ont perdu plus de la moitié de leurs fonds propres dans les douze derniers mois. Malgré des résultats opérationnels souvent positifs, la règle interdit une garantie sur ces entreprises. "Nous sommes en train de travailler, et je pense qu'on peut annoncer des bonnes nouvelles cette semaine", se réjouit Nicolas Dufourcq.
Un remboursement étalé
Ces avances de trésorerie, nécessaires à la survie de nombreuses entreprises, seront à rembourser mais dans des délais souples. Aucun remboursement la première année, et une possibilité d'amortir sur cinq ans supplémentaires, au bout d'un an. Une durée longue pour absorber le choc, précise le directeur-général de la BPI.
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En attendant, il existe aussi des témoignages d'entrepreneurs qui se voient refuser des prêts sans motifs. "Certaines banques sont encore dans l'ancienne culture : 'est-ce que vous en avez vraiment besoin ? Prouvez-moi votre capacité d'auto-financement ? Donnez moi un plan de trésorerie à six mois ?" Les directeurs généraux des grands réseaux bancaire ont été extrêmement clairs : il faut arrêter. Il faut toujours se souvenir que c'est une crise épidémique, pas économique, que les entreprises ne sont pas responsables de fermeture administrative imposée", assure Nicolas Dufourcq. "L'Etat vous doit quelque chose."