Les masques ont-ils toujours la cote ? La production française, relancée en mars 2020 au début de la crise sanitaire, semble marquer le pas alors que l'épidémie de Covid-19 reprend un peu partout en Europe, et notamment en France où l'on a dénombré près de 20.000 cas supplémentaires mardi. Si le président Emmanuel Macron promettait l'an passé de relancer cette production pour plus d'indépendance, la France est aujourd'hui loin du compte. Europe 1 vous explique pourquoi.
Une concurrence impitoyable et une baisse de la demande
Les masques français souffrent en réalité d'une concurrence impitoyable : celle des masques chinois qui sont deux à trois fois moins chers. Ce manque de compétitivité se fait sentir dans les commandes publiques. Que ce soit pour les administrations, les collectivités ou les hôpitaux, 95% des masques sont importés selon plusieurs acteurs de la filière.
À cela s'ajoute une baisse drastique de la demande, et une fin d'année compliquée financièrement pour les hôpitaux. Au final, la production française de masques FFP2 est quasiment à l'arrêt, alors que celle des masques chirurgicaux a fortement ralenti. Certaines entreprises ont même dû arrêter leur activité. Une conséquence directe de l'absence de commandes publiques selon Christian Curel, président du Syndicat national des fabricants français de masques. "Il y a des choses assez choquantes. Par exemple, notre premier hôpital français et européen achète des FFP2 américains et des masques chirurgicaux chinois", souligne-t-il sur Europe 1.
"La filière française n'existera plus dans six mois"
Christian Curel parle également du "stock stratégique du ministère de l’Intérieur acheté auprès d'importateurs chinois", ou encore des "armées qui achètent 15 millions de masques chinois". Et le président du Syndicat des fabricants de masques d'alerter : "La filière française, qui s’est constituée en moins d’un an, n’existera plus dans six mois".
Le ministère de l'Économie reconnaît qu'il y a bien là, un sujet. Celui de l'Industrie met la pression, mais il n'a pas la main, ni sur les autres ministères, ni sur les collectivités locales et les hôpitaux. Une circulaire doit être publiée d'ici la fin de l'année pour que les appels d'offres incluent des clauses sociales et environnementales, mais aussi une clause de préférence européenne.