Les agriculteurs en difficulté, et reconnus comme tels par l'Etat, vont pouvoir retarder d'un an le paiement de leur dette bancaire, rééchelonner leurs échéances et bénéficier de prêts à taux préférentiels, a annoncé mardi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. A l'issue d'une réunion avec le secteur bancaire, le ministre a évoqué devant des journalistes "la possibilité pour ces exploitations agricoles en difficulté d'avoir un différé de paiement d'un an de leur dette", puis un rééchelonnement de la dette allant jusqu'à trois ans. Les exploitations en grande difficulté pourront en outre bénéficier de prêts d'urgence à taux préférentiel, "compris entre 0 et 2,5% en fonction de la situation des exploitations", a-t-il ajouté.
Laisser jouer la concurrence
Certaines banques ont déjà commencé à proposer des prêts avantageux aux exploitants, ne se privant pas de communiquer sur ces initiatives commerciales en marge du Salon de l'agriculture. Bruno Le Maire a d'ailleurs dit qu'il voulait laisser jouer la concurrence entre les établissements financiers. Le ministre de l'Economie a dit vouloir "apporter des solutions immédiates aux entreprises agricoles les plus en difficulté, celles qui ont de réels besoins de trésorerie et qui appellent aujourd'hui au secours, et qui ont besoin qu'on leur apporte des réponses immédiates et concrètes".
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Pour évaluer les besoins, des conseillers dédiés aux entreprises en difficulté dans chaque département vont "regarder la situation de trésorerie de chaque exploitation agricole". Ils vont commencer ce recensement "dans les heures qui viennent" afin de "définir les exploitations réellement en difficulté", a-t-il précisé.
"Simple, rapide et efficace"
Tout exploitant s'estimant à court de fonds devra se signaler auprès de ces conseillers, dans chaque préfecture. "Ensuite un dialogue s'engage avec son conseiller bancaire, son agence bancaire, pour disposer d'un des deux instruments mis à sa disposition", rééchelonnement ou prêt avantageux, selon le ministre. "Evitons les complexités, les barèmes, les références", a lancé Bruno Le Maire : "La situation dans le Gers ne sera pas la même que la situation en Bretagne, en Alsace ou dans le Nord de la France. (...) Il faut être simple, rapide et efficace."
Le président de la Fédération bancaire française (FBF) Nicolas Namias a promis "le dialogue le plus personnalisé avec (les) clients agriculteurs". "Tous nos conseillers dédiés à l'agriculture sont aujourd'hui disponibles et en dialogue avec nos clients agriculteurs", a-t-il insisté. Bruno Le Maire a également indiqué que la garantie par l'Etat de prêts aux agriculteurs, à hauteur de 2 milliards d'euros, serait mise en place dès le 1er mai et non courant juillet comme prévu initialement.
Un montant moyen autour de 150.000 euros
Ces prêts - dont le montant moyen devrait selon Bercy tourner autour de 150.000 euros - s'adressent aux "autres entreprises agricoles, qui ont besoin de s'adapter, ont besoin d'acheter du matériel, d'investir, ont besoin de verdir leur exploitation et ont donc des besoins d'investissement très importants", a précisé le ministre de l'Economie. "L'enjeu est fondamentalement de limiter les garanties demandées à nos clients agriculteurs et de mobiliser d'autres types de garanties apportées notamment par les pouvoirs publics", a commenté Nicolas Namias.
Egalement présent à Bercy, le directeur général du Crédit Agricole Philippe Brassac a vanté "une agriculture en France qui au total est dynamique, a de l'avenir, se développe". "Je ne voudrais pas qu'à travers ces dispositifs, on passe le message d'une agriculture qui serait structurellement en difficulté", a-t-il fait valoir. Interrogé sur les engagements pris par les assureurs, Bruno Le Maire a promis une réunion avec leurs représentants "dès la semaine prochaine". "Il y a beaucoup d'enjeux, notamment l'enjeu du réchauffement climatique", a-t-il remarqué alors que la campagne de souscription de l'assurance récolte patine d'après les professionnels interrogés par l'AFP.