La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce un discours ce mercredi sur l'état de l'Union européenne (UE). Face à la guerre en Ukraine, l'UE tente de s'organiser pour passer l'hiver sans coupure d'énergie. Depuis plusieurs semaines, le ministère de la Transition écologique communique régulièrement sur le niveau des stocks de gaz. Ceux-ci doivent permettre aux États membres de l’Union européenne (UE) de s’aider à passer l’hiver. Mais le ministère met en avant le niveau des stocks français. Or, la stratégie européenne est basée sur la solidarité à l’échelle de l’Union.
C’est donc le niveau des stocks européens qui importe. Si les stocks français sont à 94% remplis, les stocks européens le sont à 84%. "Si nous avons nos stocks bien remplis mais que les autres les ont moins bien remplis, c’est nous qui allons devoir compenser", souligne Thierry Bros, professeur à Sciences Po et spécialiste de l’énergie.
Une solidarité limitée à deux pays ?
Dans les faits, la solidarité européenne n’est pas plus une réalité. Jusqu’ici, elle est surtout franco-allemande. En effet, Paris s’est engagé à livrer du gaz à l’Allemagne en cas de besoin cet hiver. La France réactive pour l’occasion un gazoduc en Moselle. Celui-ci était utilisé seulement dans le sens est-ouest, il va devoir fonctionner d’ouest en est.
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En échange, Berlin s’est engagé à fournir de l’électricité à la France en cas de pic de consommation. "Quid de l’Italie ? On a également bien vu que l’Espagne est tout à fait favorable à la solidarité, du moment qu’elle n’a pas à y participer", commente Thierry Bros. L’Espagne s’est d’abord opposée au plan européen de sobriété énergétique avant de le valider une fois avoir obtenu un droit d’exemption.
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Les 27 planchent par ailleurs sur un plafonnement des prix du gaz. L’Union souhaite cibler le gaz russe, mais cette mesure pourrait aussi toucher plus largement tous les fournisseurs de gaz en Europe et notamment la Norvège. Or, Oslo est devenue depuis le début de la guerre le premier fournisseur de gaz du Vieux continent.
"Nous abordons les discussions avec l’esprit ouvert, mais nous sommes sceptiques à l’égard d’un prix maximum pour le gaz", a réagi le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre. Bruxelles va bien devoir tenir compte de l’avis de cet allié devenu plus que jamais indispensable.