Après s'être entretenu avec le chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron a annoncé ce lundi qu'une "solidarité européenne" serait mise en place pour l'échange de gaz et d'électricité. Mais le Chef de l’État a également annoncé qu’il souhaite s'affranchir de la règle qui fixe le prix de l’électricité en Europe. De quoi parle-t-on ? À qui cela profite ?
Quelle est cette règle ?
C'est la règle dite du coût marginal. Le prix de l'électricité est calculé sur la base du coût du dernier moyen de production sollicité pour en produire. Lorsque la demande est forte, comme en ce moment, ce sont les centrales à gaz qui produisent, donc le prix de l'électricité est corrélé au prix du gaz.
À l'origine, cette règle a été pensée pour encourager les différentes centrales à produire. C'est grâce à cette règle, par exemple, que les énergies renouvelables ont pu se développer alors que leur coût était au départ très élevé. C'est aussi grâce à elles qu'EDF a longtemps vendu de l'électricité nucléaire, peu cher à produire, à un prix plus élevé en Europe. Mais aujourd'hui, alors que le prix du mégawattheure atteint 1.000 euros avant de se stabiliser autour de 600 euros, la règle semble avoir atteint une limite.
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Qui sont les bénéficiaires de cette hausse ?
De faite, lorsque le prix du gaz fait référence, les autres moyens de production permettent de vendre de l'électricité bien plus cher qu'elle ne leur coûte à produire. Mais comme l'explique l'économiste Jacques Percebois, spécialiste des questions énergétiques, ce ne sont pas les fournisseurs qui encaissent des bénéfices.
"Les fournisseurs sont mal parce qu'ils revendent souvent moins cher qu'ils achètent. Ceux qui gagnent, ce sont les producteurs. Alors ils peuvent être fournisseurs. Mais les gagnants dans l'affaire, ce sont ceux qui ont de l'électricité bon marché et qui vendent à un prix élevé", assure-t-il.
Alors qui ? Via ses centrales nucléaires en Belgique, Engie vend en ce moment le mégawattheure à 380 euros lorsqu'il coûte une quarantaine d'euros à produire. Le gouvernement belge estime que le groupe a réalisé 2 milliards d'euros de bénéfice depuis le début de la guerre en Ukraine.
Il y a aussi RWE, l'équivalent d'EDF en Allemagne. RWE gère cinq centrales à charbon et la société a enregistré près de 3 milliards d'euros de bénéfice au premier semestre. Un chiffre important mais ces producteurs respectent les règles du marché et ces bénéfices de circonstance sont souvent réinvestis. RWE a décidé d'augmenter ses investissements dans les énergies renouvelables de 30%.