Triste record. Selon les Douanes, le déficit commercial français s'est encore creusé pour atteindre 9 milliards d'euros sur le seul mois de novembre. Ce déficit commercial est un problème majeur, qui menace notre prospérité à venir.
Ces 9 milliards d'euros en novembre, cela représente 100 milliards d'euros en rythme annuel, ce qui est absolument colossal. Ce déficit n'est pas lié au fait que les prix de l'énergie ont augmenté. Ce déficit est avant tout un problème structurel industriel qui a commencé à la fin des années 90 et qui s'aggrave depuis le début de la pandémie.
La France victime de désindustrialisation
Il faut bien comprendre ce que ça veut dire du point de vue économique. Un déficit commercial signifie que collectivement, en France, on consomme beaucoup plus que ce que l'on produit. Et c'est un phénomène que l'actuelle mandature n'a pas réussi à corriger. La vérité, c'est que la France vit très au dessus de ses moyens et c'est un problème parce que cela révèle la désindustrialisation.
L'industrie représente aujourd'hui moins de 10% de notre PIB. C'était plus de 20% au début des années 80. La chute est frappante dans l'automobile ou l'agroalimentaire, qui étaient des fleurons de notre industrie et qui sont devenus des secteurs en mal de compétitivité.
La France a besoin d'entreprises plus grandes et d'entreprises plus innovantes. Notre économie a fait beaucoup ces dernières années pour la compétitivité-prix. On a mis en place le pacte de responsabilité, le crédit impôt compétitivité emploi, la baisse des impôts de production et tout ceci permet une amélioration de notre compétitivité.
"Il faut à nouveau redoubler d'efforts"
On a aussi stimulé l'innovation avec le crédit impôt recherche. Mais on doit aller beaucoup plus loin et se dire que c'est une priorité nationale. Nous avons redoublé d'efforts en matière de compétitivité ces dix dernières années. Il faut à nouveau redoubler d'efforts.
On peut par exemple continuer de baisser les impôts de production. Mais je crois qu'il faut avoir une vision différente de ce problème de compétitivité. Aujourd'hui, les aides à l'innovation, les aides au commerce extérieur sont très dispersées. C'est en partie piloté par Bercy, en partie piloté par Matignon. Plusieurs aides sont en partie pilotées aussi par le ministère de l'Enseignement supérieur qui, en théorie, doit s'occuper de la recherche.
En réalité, on voit que tout cela ne fonctionne pas. Il faut tout regrouper. Nous n'améliorerons pas notre commerce extérieur par des mesures ponctuelles prises dans des silos, mais par une vision globale de ce que l'on doit produire et de la manière de le faire.