Les producteurs de riz de Camargue lancent un cri d'alarme. La production française sera en effet, cette année, à son plus bas niveau depuis 30 ans. Sur les 4,5 kilos de riz que chaque Français consomme par an, un quart vient de cette région. Mais les riziculteurs dénoncent des normes sanitaires de plus en plus contraignantes et certains renoncent à cultiver le riz une partie de l'année au profit de la culture des melons ou des tomates, bien plus rentable. Et ce au risque de voir les paysages de marais disparaître pour laisser place à des serres en plastique.
Des rendements qui chutent de 3 à 4 tonnes
Des 30.000 hectares de rizières camarguaises d'après-guerre, il n'en reste qu'un tiers, cultivés par 170 riziculteurs. Cédric Santucci est l'un d'entre eux. Et cette année il cultive, à regret, du blé dur, plus rentable. "Depuis plusieurs années, on fait face à un retrait des produits phytosanitaires en France et aujourd'hui c'est très compliqué de désherber correctement nos rizières. Et le fait est que si elles sont envahies par de mauvaises herbes, les rendements chutes de 3 à 4 tonnes et la culture du riz n'est plus rentable", explique-t-il.
L'an dernier, 80.000 tonnes de riz camarguais ont été produites. Mais cette année, ce sera 30% de moins. Un constat qui inquiète Bertrand Mazel, président du syndicat des riziculteurs français, également soucieux de l'impact sur le paysage. "On était habitués à voir de l'eau en permanence et toute la faune et la flore qui s'y rattachent. Et aujourd'hui, malheureusement, on voit plutôt des champs plastifiés, parce que l'on est aussi obligé d'utiliser ces méthodes pour avoir des melons de plus en plus tôt", regrette-t-il.
Contacté par Europe1, le ministère l'Agriculture assure qu'il ne laissera pas la filière du riz français disparaître. Trois dérogations de produits phytosanitaires sont actuellement à l'étude.