Le garde-manger de l'Île-de-France dans le viseur des agriculteurs. Déterminés à faire entendre leur colère, ces derniers ont mis en place, depuis 14h ce lundi, huit points de blocage autour de la capitale et envisagent de paralyser le marché international de Rungis qui alimente l'ensemble des professionnels de la région en produits agricoles frais. Plus de 8.000 tonnes de marchandises y sont livrées quotidiennement pour un chiffre d'affaires autour de 27 millions d'euros. Un éventuel blocage de ce point névralgique suscite logiquement des interrogations autour de la disponibilité des produits frais en grande surface, dans les prochains jours.
Mais en réalité, la grande distribution ne devrait pas être pénalisée. "Les enseignes s'approvisionnent peu, voire pas du tout à Rungis puisqu'elles ont leurs propres circuits logistiques", indique-t-on du côté de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). "Je n'ai pas connaissance d'une enseigne qui passe par Rungis. Elles ont leur propre stockage en dehors de Rungis", enchérit Philippe Goetzmann, spécialiste de la grande distribution.
Pas de difficultés majeures d'approvisionnement dans la grande distribution
Ce dernier identifie toutefois un risque lié à la multiplication des blocages routiers. "Il faut surveiller la capacité à acheminer les camions jusque dans Paris. Si vous avez un entrepôt logistique bloqué par les tracteurs, rien ne peut en sortir", fait valoir l'expert. Mais contrairement à d'autres secteurs, la grande distribution dispose de plusieurs jours de stock. "Sur les produits de grande consommation, dans un hypermarché, on est à 20 jours de stocks et en produits frais, on tourne autour de sept jours", expose Philippe Goetzmann.
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Pour l'instant, les acteurs de la grande distribution assurent ne pas rencontrer de difficultés majeures d'approvisionnement. "Nous n'avons pas de remontées spécifiques de la part de nos adhérents", nous confirme la FCD. D'autant que certains distributeurs parviennent à contourner le trafic routier. "À Paris, Franprix approvisionne par péniches. Il y a des camions dans Paris, mais c'est la péniche qui est déchargée dans un port parisien. Toute une partie de leur flux passe par là", illustre Philippe Goetzmann.
Si la grande distribution s'en sort à bon compte, pour l'heure, difficile d'en dire autant des restaurateurs, bien plus dépendants des livraisons en provenance de Rungis. Une seule journée de blocage priverait l'ensemble des établissements de viande, de poissons frais et de légumes, en raison des capacités de stockage qui n'excèdent pas 48 heures.