C'est une journée historique qu'a connu mardi la French Tech. Deux entreprises françaises, la start-up Sorare, qui a créé un jeu en ligne d'échange de vignettes de joueurs de football, et l'éditeur de logiciels Mirakl, ont chacune annoncé avoir levé plus d'un demi-million d'euros. Dans le détail, Sorare, qui mise sur la technologie émergente des NFT pour ses vignettes, a levé 680 millions de dollars (580 millions d'euros), soit un nouveau record pour le secteur de la tech en France, et est désormais valorisée à 4,3 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros), tandis que Mirakl a levé 555 millions de dollars, soit 473 millions d'euros, dans une opération la valorisant à 3,5 milliards de dollars. Mais comment expliquer ces levées historiques ?
Sur le marché des start-ups, c'est l’euphorie. On a même jamais connu cela, explique un vétéran de la French Tech. 2021 sera une année record pour les levées de fonds et pour le nombre de nouvelles licornes, ces entreprises qui valent plus d’un milliard de dollars. Et pour Nicolas Julia, le fondateur de Sorare, cela s’explique surtout par un changement d’état d’esprit. "On a un environnement qui mûrit autour de nous, et on a vu des succès à grande échelle. Le deuxième point est l'ambition. On n'a plus peur de vouloir créer des leaders mondiaux, de sortir de nos frontières et d'avoir cette ambition mondiale depuis le premier jour", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Une ambition mondiale, et des entreprises positionnées sur des marchés porteurs comme Mirakl, qui crée des places de marchés sur Internet. Et les entreprises bénéficient d’un environnement français porteur selon Philippe Corrot le fondateur de Mirakl. "Il y a un environnement favorable qui a été créé par le gouvernement avec des initiatives comme la French Tech", estime-t-il. "Et tout cet environnement favorable se retrouve concrètement par des investissements étrangers ou européens qui sont fait dans des entreprises françaises et donc créent des emplois."
Les fonds français investissent trop rarement
Un bémol est toutefois à souligner : ce sont rarement des fonds français qui investissent dans ces grosses start-ups. Chez Sorare, par exemple, c’est le Japonais Softbank qui mène le tour de table. Chez Mirakl, c’est le fonds Silver Lake, une des stars de la Sillicon Valley. Alors bien sûr, il y a bien quelques Français au capital : Xavier Niel, Eurazéo, le footballeur Antoine Griezmann ou le philanthrope Alexandre Mars par exemple, chez Sorare. On trouve aussi souvent la BPI dans les tours de table. Mais on manque en France de gros fonds capables d’investir d’un coup des centaines de millions d’euros. Pour ces opérations, ce sont les étrangers et surtout les Américains qui sont à la manœuvre. Car comme le marché est saturé aux Etats-Unis ils viennent miser sur les pépites françaises et européennes, confie à Europe 1 un gros investisseur. Et au-delà des fonds, la plupart de nos pépites gardent leurs sièges sociaux en France. Et même si toutes s’inquiètent du même problème, la difficulté à recruter chez nous les profils recherchés, ça reste malgré tout chez nous encore plus simple qu’aux Etats-Unis.