EDF est-il sur le point de perdre son ADN, le nucléaire ? La ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, demande actuellement au fournisseur français d'électricité de travailler sur un scénario d’électricité "100 % renouvelable", impliquant principalement des énergies éolienne ou solaire. Explications de notre chroniqueur Axel de Tarlé.
C'est une révolution. Parce que le nucléaire, c'est l'ADN d'EDF. Je peux vous assurer, pour avoir rencontré les nombreux patrons d'EDF qui se sont succédé depuis 20 ans, qu'ils ont longtemps traité par le mépris toutes ces énergies nouvelles, type éolien ou solaire. Mais il est vrai depuis quelques années - et c'est nouveau - c'est en train de changer.
Reste que pour EDF, le dur, solide, le vrai... c'est le nucléaire. La preuve, le mois dernier encore, dans le journal Le Monde, Jean-Bernard Levy, le patron d'EDF, annonçait sans détour : "La France se prépare à construire de nouvelles centrales nucléaires." En l’occurrence, six nouveaux EPR.
Mais en début de semaine, il a été rattrapé par la ministre... de façon un peu sèche d'ailleurs. "C'est très bien que Jean-Bernard Levy ait son point de vue... que je ne partage pas", a lancé Elisabeth Borne, demandant au patron d'EDF "d'étudier un scénario 100 % renouvelables". Donc sans nucléaire. Il faut dire qu'aujourd'hui, notre filière nucléaire connait des ratés. On le voit à Flamanville : le nucléaire est devenu une technologie coûteuse, complexe, et qui n'a toujours pas réglé ses problèmes de déchets radioactifs.
Oui mais le nucléaire assure aujourd'hui plus de 70 % de notre électricité. Est-ce réaliste de passer au "100 % renouvelable" ?
C'est vrai qu'aujourd'hui, l'éolien, c'est à peine 5 % de notre électricité, et le solaire, 2 %. Donc, il y a du travail. Et puis, il y a le problème de l'intermittence. Comment fait-on quand il n'y a pas de vent, ou pas de soleil ? On besoin de l'électricité tout le temps. Et pourtant, d'autres pays, comme le Danemark, travaille sur ce scénario "100 % renouvelable" à horizon 2050, en développant par exemple des technologies pour stocker l'électricité afin de résoudre ces problèmes d'intermittence.
Elisabeth Borne, de son côté, souhaiterait aussi qu'on étudie la chose. D'ailleurs, le cabinet de la ministre rappelle que, selon la loi française de Programmation Pluriannuelle de l'Energie, il est stipulé qu'à horizon 2050, tous les scénarios doivent être expertisés, y compris le 100 % renouvelable, sans nucléaire. Pour EDF, où l'on a l'atome dans la peau, ce serait évidemment une révolution.