La présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) Emmanuelle Wargon n'anticipe aucun risque de délestage d'électricité avant la mi-janvier, l'appel à la sobriété ayant été "vraiment entendu par les Français", avec une baisse de 9% de la consommation totale au cours des quatre derniers mois en France. Le délestage électrique consiste à interrompre temporairement la fourniture d'électricité sur une partie du réseau pour éviter sa saturation du fait d'une forte demande.
"Pas de difficulté" au moins jusqu'au 15 janvier
"Jusqu'au 15 janvier, on sait qu'on n'aura pas de difficulté" pour couvrir les besoins de la population et des entreprises en électricité, grâce aux températures prévues, aux efforts de sobriété de tous et au redémarrage progressif de réacteurs nucléaires d'EDF, a indiqué Emmanuelle Wargon, interrogée sur France Inter. "Après, s'il y a une vague de froid, la situation sera forcément plus tendue" a-t-elle averti, en saluant le "geste citoyen" des Français qui ont réduit spontanément leur consommation en fin d'année.
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"Côté ménages, coté résidentiel, ça veut vraiment dire que les gens font attention et qu'ils anticipent l'augmentation des tarifs réglementés, qui sera de 15% en janvier pour le gaz et de 15% en février pour l'électricité" a estimé Emmanuelle Wargon. Une hausse de 15% des tarifs, "ça reste un bouclier" de protection pour les consommateurs, a-t-elle fait valoir. S'il n'y avait pas ce bouclier pris en charge par l'État, la CRE a calculé que les tarifs du gaz en France seraient "en gros multipliés par deux" en 2023, a-t-elle affirmé.
La France, "un des pays les plus généreux au monde"
"Un ménage qui a 1.500 euros de facture de gaz par an passerait à 3.000 euros (...) et en électricité, s'il n'y avait pas de bouclier, ce serait aussi probablement à peu près multiplié par deux", a-t-elle dit. "On est l'un des pays les plus généreux du monde" en la matière, a-t-elle ajouté. "C'est le travail du gouvernement de décider" si le bouclier du gaz qui porte sur les six premiers mois de 2023, est "prolongé au-delà du premier semestre", a ajouté Emmanuelle Wargon. En électricité, le bouclier porte sur toute l'année 2023.
"Les copropriétés qui se chauffent au gaz sont intégralement réintégrées dans le bouclier à partir du 1er janvier 2023; en électricité ce n'est pas tout à fait le même dispositif d'aide: les copropriétés contractualisent et ont ensuite une aide qui fait baisser la facture. Il faut souvent faire l'avance des frais" a-t-elle expliqué.
-9% de consommation d'électricité sur les quatre derniers mois
Côté consommation, selon des données publiées mardi par le gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE, la consommation d'électricité continue de baisser en France, avec un recul de 7,4% la semaine dernière par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019) la même semaine. "Sur les quatre derniers mois, on a -9% de consommation d'électricité, c'est vrai pour les entreprises, y compris les industriels, et c'est vrai pour les ménages" a précisé Emmanuelle Wargon.
Interrogée sur un "revirement" d'Emmanuel Macron en matière de nucléaire entre ses deux mandats, elle a expliqué que le "vrai tournant" se situait au moment où "on est passé d'une hypothèse de consommation stable d'électricité en 2040-2050 à une hypothèse de consommation en forte hausse".
Le précédent gouvernement avait travaillé sur des anticipations de RTE datant de 2015-16, a-t-elle déclaré. "Maintenant, on sait qu'en fait on a besoin de beaucoup plus d'électricité en 2050 pour être au rendez-vous de la décarbonation, de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique. Pour cela, il faut beaucoup plus d'électricité (...) il faut plus de nucléaire et plus de renouvelables", a-t-elle ajouté.