L'UFC-Que Choisir a accusé jeudi EDF de faire payer aux Français des "surcoûts faramineux" sur leur facture d'électricité en sous-utilisant volontairement son parc nucléaire, influençant ainsi les prix du marché. "La sous-utilisation des capacités de production d'EDF, qui a la mainmise sur le nucléaire, affecte lourdement les consommateurs", a dénoncé Alain Bazot, le président de l'association de consommateurs, lors d'une conférence téléphonique. EDF a vivement réagi à sa mise en cause, menaçant d'aller "devant les tribunaux pour tirer les conséquences de ces allégations".
Des arbitrages "au détriment des consommateurs". Selon l'UFC, l'électricien sous-utilise ses capacités nucléaires lorsque cela l'arrange, par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays européens comme l'Allemagne et le Royaume-Uni, avec pour effet d'augmenter les prix. L'association estime en effet qu'EDF fait moins tourner ses réacteurs lorsque les prix de marché diminuent. "Cette sous-utilisation du parc nucléaire français est généralement compensée par l'emploi de centrales plus coûteuses (gaz, fioul, charbon), qui font augmenter les prix sur le marché de gros", remarque l'UFC Que Choisir.
EDF profiterait alors de cette augmentation des prix pour vendre son électricité plus cher sur les marchés à terme (pour une livraison plus tard). L'électricien fait ainsi des arbitrages pour "assurer une plus grande rentabilité de ses centrales nucléaires au détriment des consommateurs", indique l'étude.
2,4 milliards d'euros de surcoût entre 2012 et 2016. Cela se traduit ensuite par un alourdissement de la facture des particuliers : ce sont "2,4 milliards d'euros de surcoût qui ont été supportés par l'ensemble des consommateurs particuliers, entre 2012 et 2016". Dans le détail, les abonnés au tarif réglementé de vente (TRV) chez EDF auraient supporté un surcoût moyen de 71 euros par consommateur sur la période, quand les clients des fournisseurs alternatifs ont vu leur facture gonflée de 109 euros par ménage. Alain Bazot a refusé d'utiliser le terme de "manipulation" du marché pour qualifier ce mécanisme. Mais il a suggéré que la Commission de régulation de l'énergie (CRE) ou l'Autorité de la concurrence se penchent plus précisément sur les pratiques d'EDF.
EDF "conteste" les accusations. Sur le fond, l'électricien "conteste" les accusations et rappelle agir sous le contrôle de la CRE, qui publie chaque année un rapport sur le fonctionnement du marché de gros de l'électricité. "L'UFC Que Choisir ne fonde ses allégations sur aucun élément tangible, s'appuyant seulement sur un raisonnement économique erroné qui ne tient pas compte de la réalité du marché de gros, marché européen interconnecté basé sur la rencontre de l'offre et de la demande", a réagi EDF dans un communiqué.
La CRE a de son côté rappelé mener une mission de surveillance des marchés de gros de l'énergie. Dans son dernier rapport sur le sujet publié en octobre, elle indiquait avoir ouvert six enquêtes, dont trois spécifiquement sur l'électricité.