Donald Trump menace de taxer les vins français en guise de représailles contre la taxe Gafa.
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Jean-Jacques Héry, édité par Margaux Baralon
En réponse à la taxe française sur les Gafa, le président américain veut surtaxer le vin français. Un choix symbolique, qui peut avoir d'importantes conséquences économiques.
ON DÉCRYPTE

Haro sur le vin français ! Donald Trump a dénoncé vendredi la taxe sur les géants américains du numérique (Google, Apple, Facebook et Amazon notamment, regroupés sous l'acronyme "Gafa") que Paris vient de mettre en place. En guise de représailles, le président américain a annoncé "une action réciproque substantielle" des plus menaçantes : la taxation des vins français. 

Une "image forte de la France"

Ce choix ne doit rien au hasard. "Le vin, cela représente quelque chose au niveau de la France", rappelle Benoît Roumet, directeur du bureau interprofessionnel des vins du centre, au micro d'Europe 1. "Donald Trump aurait pu parler du fromage, mais c'est vrai que le vin est une image forte de la France." Donald Trump ne peut ignorer ce poids symbolique, lui qui a par ailleurs terminé son tweet rageur par une provocation : "J'ai toujours dit que le vin américain est meilleur que le vin français."

Mais l'attaque se fait aussi au niveau du porte-monnaie, comme l'explique Benoît Roumet. "Cela touche un volume financier assez important." En 2018, l'exportation de vin aux Etats-Unis a représenté 3,2 milliards d'euros, en hausse de 4,6% sur un an. Ce qui fait de l'Amérique le premier marché d'exportation pour le vin français. Outre-Atlantique, les amateurs appartiennent généralement à la classe moyenne et ont un fort pouvoir d'achat. 

Une taxe américaine inférieure à la taxe européenne

Reste à savoir dans quelle mesure cette surtaxe va être appliquée. Aujourd'hui, la taxe est décidée en fonction de la teneur en alcool et de la taille du récipient. Et elle est peu élevée : une bouteille de vin français vers l'Amérique, c'est 5 cents de droit de douane en moyenne. Une bouteille équivalente américaine se verra taxée de 10 centimes d'euro à son arrivée dans l'Union européenne. Si, pour le moment, l'impact est faible sur le prix final, cela pourrait donc évoluer.

Pour Benoît Roumet, l'essentiel est désormais que la filière viticole hexagonale reçoive "un plein soutien du ministre" de l'Économie, Bruno Le Maire. "Le but du jeu, c'est d'avoir un équilibre", estime le directeur du bureau interprofessionnel des vins du centre. "On doit pouvoir taxer les Gafa, parce que c'est mérité, tout en protégeant notre filière viticole." L'exercice est délicat mais pas impossible, selon lui. "Cela risque d'être un peu compliqué mais c'est aussi la stratégie de Donald Trump depuis le départ : il balance de gros 'scuds' pour pouvoir ensuite s'installer à la table des négociations." Les professionnels n'ont donc plus qu'à attendre de voir comment le gouvernement français va s'emparer de la question et tenter d'apaiser le tempétueux président américain.