"Oui, Renault peut disparaître." Invité vendredi dernier sur Europe 1, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, ne faisait pas dans la langue de bois pour parler du constructeur automobile français. "Il y a urgence à agir. Renault est en sérieuse difficulté financière." Preuve en est, ce vendredi est le jour de l'annonce d'un plan de réduction des coûts de deux milliards d'euros. Cela devrait passer par la suppression de 15.000 postes dans le monde, dont 4.600 en France.
Mais cela sera-t-il suffisant ? Pour Patrick Pélata, ancien directeur général du groupe désormais à la tête d'une société de conseil, il faut aussi s'attaquer au cœur du problème. "Est-ce que Renault peut se redresser ? Je l'espère", explique-t-il à Europe 1. "Mais il y a un certain nombre de conditions, dont je pense un vrai plan, c'est-à-dire un plan produits adapté au monde automobile tel qu'il a commencé à se transformer. Je trouve toujours aussi bizarre qu'on fasse d'abord un plan industriel avant d'avoir un plan tout court."
Crise opérationnelle et fuite des talents
Après l'ère Ghosn et la course aux volumes, il faut donc désormais une nouvelle stratégie, moins coûteuse et plus efficace sur le plan marketing. Ce sera le défi du futur patron, Luca de Meo, qui arrivera le 1er juillet. Le groupe doit aussi résoudre sa crise opérationnelle, celle du management et... la fuite des talents. Celle-ci paraît inévitable, notamment dans l'ingénierie. Une perte de compétences qui complique fortement la nécessaire relance.
Dans tous les cas, Renault a du pain sur la planche. Surtout si le groupe compte sur le prêt garanti par l'Etat de cinq milliards d'euros qui lui a été proposé. Bruno Le Maire a en effet rapidement conditionné ce prêt à des engagements, notamment sur l'accompagnement des salariés qui travaillent sur les sites promis à une fermeture.