La neutralité carbone d’ici à 2050 est possible à coûts maitrisables, si la France conserve une part de nucléaire. C'est l'un des enseignements du rapport publié lundi par RTE, le réseau de transport de l'énergie. D'un point de vue économique, il est plus intéressant de s'appuyer sur un mix énergétique, qui comprend des énergies renouvelables et du nucléaire. L'écart serait d'environ 10 milliards d'euros par an entre un scénario avec de nouveaux réacteurs, les EPR, et un scénario sans nucléaire avec le développement de grands parcs renouvelables. Le 100% d'énergies renouvelables est possible, mais son coût sera plus élevé, estime RTE.
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Pour sortir des énergies fossiles, il va falloir électrifier davantage
Dans tous les cas, pour le gestionnaire du réseau électrique à haute tension en France, il est indispensable de développer les énergies propres - éolien, solaire, hydraulique - pour atteindre l'objectif de neutralité carbone dans 30 ans. "Je vous rappelle qu'aujourd'hui, on a 60% de notre consommation d'énergie provient des énergies fossiles, alors que cette part doit être de zéro en 2050", insiste au micro d'Europe 1 Thomas Veyrinc de RTE.
Si notre consommation d'énergie va baisser d’ici à 2050, grâce notamment à l'efficacité énergétique, la part d'électricité dans notre mix énergétique va, elle, augmenter. En effet, pour sortir des énergies fossiles comme le pétrole et le gaz, il va falloir électrifier massivement nos usages, que ce soit dans les transports, le chauffage ou encore l'industrie. Car les besoins en électricité vont augmenter de 35% d’ici à 2050, rapporte RTE, tout comme les coûts de production de l'électricité qui devraient connaître une hausse de 15% environ. Ce qui ne signifie pas nécessairement une hausse de 15% sur la facture des ménages, puisque les dépenses pour le pétrole, le fioul et le gaz vont disparaître.
"Tous les éléments pour faire un choix politique"
La France s'interroge toujours sur son avenir énergétique alors que les prix de l'énergie flambent, et ce rapport issu de plus de deux ans de recherches tombe à point nommé pour Caroline Keller, cheffe de l'information du médiateur national de l'énergie. "Il est très utile parce qu'il propose six scénarios différents, en intégrant plus ou moins de nucléaire et d'énergies renouvelables avec les coûts associés. Cela donne tous les éléments pour faire un choix politique", affirme-t-elle, sans prendre position.
Si les consommateurs peuvent souscrire à des offres d'électricité 100% verte, ceux-ci sont toujours concernés par la hausse générale des prix de l'énergie. Conséquence : les offres ont tendance à se réduire. "Habituellement, il y a une quarantaine de fournisseurs qui proposent des offres d'électricité ou de gaz aux particuliers. Sur les 40, il y en a plus d'une dizaine qui actuellement n'en font plus", souligne Caroline Keller. "Comme les prix sont très élevés, ils préfèrent attendre, soit janvier, soit au printemps prochain, avant de recruter de nouveaux clients, car ce n'est pas rentable."
Pour le moment, seul Leclerc a mis fin à ses contrats. D'autres ont annoncé qu'ils allaient augmenter leurs prix. Le consommateur doit donc comparer les offres avant de souscrire, selon Caroline Keller. "Si votre fournisseur vous annonce qu'il augmente ses prix, il faut comparer avec les autres offres qui existent sur le marché. Il en existe encore beaucoup, alors il faut regarder si cela vaut la peine de changer", souligne-t-elle.