42% des voitures vendue en 2019 en Norvège étaient électriques. Un record mondial, qui pourrait bien progresser encore cette année, en attendant 2025. Car le gouvernement a un objectif : qu'il n'y ait plus de voitures thermiques vendue dans cinq ans. Notre reporter Pauline Jacot s'est rendue dans le pays scandinave pour comprendre cette transition unique au monde.
Et la première chose que l'on a pu constater, c'est que la capitale, Oslo, est la vitrine du pays, champion du monde de l'électrique. Il n'y a quasiment aucun bruit dans les rues du centre-ville, malgré la circulation de dizaines de voitures. Et ce silence se poursuit jusque dans l'un des plus grands parkings de la ville, réservé spécialement aux véhicules électriques.
3.000 bornes de recharges à Oslo
Pourtant, il y a tellement de voitures qu'il faut arriver avant 6h30 le matin pour espérer avoir une place. "J’attends depuis une demi-heure à peu près mais ça va, c’est gratuit de se garer ici donc je peux patienter. En Norvège, c’est vraiment intéressant. Moi j’ai deux voitures électriques, il y a plein d’avantages. Si vous êtes deux à bord par exemple, vous pouvez rouler sur les voies de bus, donc vous gagnez du temps. Et maintenant avec ma voiture je peux faire 400 km sans recharger, donc c’est vraiment facile", témoigne Knute, un habitant arrivé un peu trop tard qui attend dans sa voiture.
En tout, on compte 3.000 bornes pour recharger les véhicules dans toute la capitale. Les stations-services s'y mettent également et ont leur propre nom : les stations d'énergie. "Ici, cette station vient de retirer plusieurs pompes à essence pour les remplacer par des chargeurs électriques. En fait, pour rester dans le coup, ces stations sont obligées de changer. Et cette tendance là va très vite", explique Petter Haugneland, à la tête de l’association des propriétaires de voitures électriques.
L'électrique financé par... le pétrole
C'est donc une réussite à Oslo, et ça marche aussi très fort ailleurs en Norvège. A 60 km au nord de la capitale, au milieu des sapins et des routes enneigées, l'entreprise Tesla a développé son réseau, avec 50 bornes ultra rapides. "J’ai juste le temps de répondre à mes mails de travail et je repars. En plus c’est gratuit ! Moi j’habite un peu plus au nord, de chez moi jusqu’à Oslo où je travaille il y a sept péages... Mais avec cette voiture électrique, je ne paye rien, ça fait une économie de 400 euros par mois", raconte Arne, qui a mis 20 minutes seulement pour charger son SUV.
Et malgré le secteur privé avec Tesla, c'est surtout le public, l'Etat, qui soutient cette politique. Avec des baisses de prix qui peuvent aller jusqu'à 30.000 euros à l’achat, et la suppression de toutes les taxes sur les voitures électriques. La Norvège peut financer tout ça grâce à l’argent de son pétrole : 1000 milliards de dollars à disposition. C’est un paradoxe, mais le tout électrique doit en partie son salut aux pétrodollars.
Pourquoi n'est-ce pas pareil en France ?
Tout d'abord parce que la Norvège n'a pas les mêmes contraintes d'emplois. "En France, il y a deux grands constructeurs, des unités de fabrication de constructeurs étrangers, donc tout changement radical aurait un impact sur les emplois. C'est pour cela qu'il est beaucoup plus difficile de se fixer des objectifs comme '2025 : zéro voiture thermique vendue'. Notre objectif est plutôt dirigé vers 2040", décrit Joseph Beretta, président de l'Avère France, qui promeut l'utilisation des voitures électriques dans le pays. Cela dit, la Norvège est un exemple à regarder de très près. "C'est un petit pays qui va très vite dans ce domaine. Et il lève les points de blocages que l'on risque de rencontrer en France dans les années qui viennent. Notamment sur l'attente de la recharge", estime Joseph Beretta.