C'est le jour J pour Donald Trump, officiellement investi 45ème président des États-Unis vendredi. Le milliardaire a d'ores et déjà annoncé lors de sa première conférence de presse qu'il serait "le plus grand créateur d'emplois que Dieu ait jamais créé". Une promesse qui fait partie de son grand plan pour "rendre sa grandeur à l'Amérique", son slogan de campagne. Les déclarations de Trump sont assez étonnantes puisque, s'il y a bien un indicateur économique dans le vert aux États-Unis, c'est l'emploi.
Taux de chômage de 4,7%. Le taux de chômage des 16 ans et plus est actuellement de 4,7% outre-Atlantique. Quand Barack Obama est arrivé à la Maison-Blanche en janvier 2009, il était de 7,3%, les États-Unis subissant alors de plein fouet la crise économique. Après une année 2009 difficile, le chômage a commencé à reculer continuellement jusqu'à descendre sous 5% fin 2015-début 2016. Un seuil symbolique qui n'avait plus été franchi depuis 2007.
Chômage incompressible. Les économistes s'accordent à dire qu'à 5%, le taux de chômage américain atteint son niveau structurel. C'est-à-dire qu'il ne peut descendre plus bas étant donné le fonctionnement de l'économie américaine et de son marché du travail (pour comparaison, le taux de chômage structurel est actuellement estimé entre 8 et 9% en France, pour un total de 10% de chômeurs). Il n'y aurait donc pas beaucoup plus d'emplois à créer pour les Américains.
Bon élève. Sur le plan international, les États-Unis possèdent un taux de chômage quasiment exemplaire. Seuls 5 pays font mieux au sein de l'OCDE, dont l'Allemagne, qui affiche le taux le plus bas de l'Union européenne à 4,2%. La moyenne de l'OCDE se situe à 6,3% tandis que l'UE est à 8,5%. Difficile donc pour les Américains de critiquer les politiques mises en oeuvre en comparant avec les résultats observés ailleurs.
Inégalités régionales. Alors comment se fait-il que l'emploi ait été un thème majeur de l'élection présidentielle américaine, remportée par Donald Trump, qui en avait fait sa priorité ? Un premier élément de réponse réside dans les inégalités territoriales face à l'emploi. Décomposé par État, le taux de chômage révèle d'importantes disparités, de 2,7% dans le New Hampshire et le Dakota du Sud à 6,8% en Alaska.
A la lumière de cette carte, il apparaît que le sud des États-Unis est globalement plus touché que le Nord. Une large bande de l'est du pays affiche même des taux supérieurs à la moyenne nationale. La plupart de ces États ont été remportés par Donald Trump.
Chômage caché. L'autre élément qui explique pourquoi le chômage reste un sujet outre-Atlantique tient au calcul même du taux. En effet, celui-ci exclut les inactifs qui ont renoncé à chercher un travail (les "découragés"), ceux qui sont "marginalement liés à la force de travail" (ils ne travaillent pas, ne cherchent pas mais veulent un emploi) et les travailleurs employés à temps partiel pour raisons économiques. En incluant ces trois catégories, on obtient une vision plus complète du chômage et mécaniquement, le chiffre augmente. En prenant en compte les "marginaux" et les temps partiels subis, le taux de chômage grimpe ainsi à 9,2%.
La précarité, principal problème. Comme le taux classique, les taux élargis ont baissé durant la mandature de Barack Obama, à peu près dans les mêmes proportions. Mais il reste des Américains qui ne trouvent pas d'emploi et qui subissent la précarité, et c'est d'eux dont vient le ressentiment économique sur lequel a surfé Donald Trump. Une étude menée par les économistes Lawrence Katz de l’Université d’Harvard et d’Alan Krueger de l’Université de Princeton, a même démontré que 94% des 10 millions d'emplois créés par l'administration Obama étaient des emplois temporaires, des contrats courts ou des temps partiels.
Et quand Donald Trump insiste sur sa volonté de créer des "vrais emplois bien payés", il promet en fait de transformer ces millions d'emplois précaires déjà existants en contrats de long terme, décemment rémunérés. Il ne lui reste plus maintenant qu'à passer de la parole aux actes.