Le pouvoir d'achat des Français continue d'être grignoté par l'inflation. Et si cette dernière a de nouveau été revue à la baisse en octobre, pour s'établir à 4% sur un an, elle reste conséquente dans les rayons de supermarché. Selon une étude de NielsenIQ pour le magazine LSA, l'inflation alimentaire cumulée entre janvier 2022 et août 2023 s'élève à 17,9%, soit davantage qu'en Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique ou Portugal.
De quoi contraindre les ménages à se serrer la ceinture, comme le confirme la 11e édition de l'étude annuelle conduite par Intrum, leader européen du secteur du crédit management, consacrée aux dépenses des ménages et leur capacité à gérer leur budget. Ce qui n'est pas toujours suffisant pour enrayer les effets délétères de l'inflation puisqu'en 2023, 49% des Français déclarent avoir moins d'argent disponible à la fin de chaque mois, et un Français sur cinq dit avoir emprunté de l'argent ou atteint la limite de sa carte de crédit pour payer ses factures.
Huit Français sur dix possèdent entre 1 et 12 mois de salaire en épargne disponible
Cette hausse des prix, à laquelle il faut également ajouter celle des taux d'intérêts, oblige les consommateurs français à adapter leurs comportements économiques. Ainsi, réduire le montant alloué à l'épargne apparaît comme l'un des principaux leviers activés par les ménages. Plus d'un Français sur deux (51%) a recours à cette solution pour préserver son portefeuille, sans pour autant renoncer à mettre de l'argent de côté, contrairement à certains consommateurs européens. Dans l'Hexagone, 81% des personnes interrogées disent posséder entre 1 et 12 mois de salaire en épargne disponible.
>> LIRE AUSSI - Budget 2024 : moins dépenser mais soutenir le pouvoir d'achat, la difficile équation du gouvernement
Pour amortir ces sommes d'argent dédiées à l'épargne, les Français préfèrent prioriser leurs dépenses. Et reléguer au second plan celles jugées non essentielles. "L'impact de la pression économique se répercute sur la vie quotidienne des consommateurs, obligeant certains à faire des choix dans leur gestion budgétaire", confirme Thomas Duvacher, directeur général France d'Intrum. Le budget alloué aux vacances a, par exemple, était réduit pour 63% des consommateurs interrogés. Et 74% d'entre eux ont réduit la voilure sur l'achat de cadeaux ou encore les sorties au restaurant.
26% des sondés se sentent moins coupables qu'auparavant devant une facture impayée
À l'inverse, le paiement des factures trône en tête des priorités. Ainsi, 74% des Français parviennent à les régler dans les temps impartis, mais un chiffre vient illustrer une tendance assez inquiétante autour de ces dépenses pourtant obligatoires. L'étude révèle en effet que 26% des sondés déclarent se sentir moins coupables de ne pas payer une facture aujourd'hui, qu'ils ne l'auraient été il y a quelques années.
"Et vous avez 40% des consommateurs français qui sont persuadés que la plupart des entreprises ne prennent aucune réelle mesure à l'encontre des consommateurs en retard de paiement", ajoute auprès d'Europe 1 Thomas Duvacher. Nouvelle preuve, s'il en fallait, des bouleversements introduits par la hausse des prix dans le comportement économique des Français.