Le secteur du bâtiment connaît une période délicate. Selon des chiffres communiqués par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), qu'Europe 1 révèle en exclusivité, la baisse de l'activité des TPE du secteur se confirme au troisième trimestre 2023. Une tendance déjà observable depuis plusieurs mois.
Dans le détail, la construction neuve apparaît comme le secteur le plus en difficulté avec un recul de 3% du volume d'activité par rapport au trimestre précédent. Les entreprises artisanales sont, elles aussi, concernées avec une baisse de 1%, tandis que les travaux de performances énergétiques, d'ordinaires plus dynamiques, voient, eux aussi, leur croissance ralentir ce trimestre (-0,5%). Maigre consolation : l’activité en entretien-amélioration parvient à se stabiliser.
Un secteur fragilisé par la crise du logement
Plusieurs facteurs entrent en considération pour expliquer le phénomène. S'agissant de la construction neuve, le nombre de permis de construire accordés fond comme neige au soleil. Cumulés sur 12 mois à la fin du mois d'août 2023, ils enregistraient un recul de 28% par rapport à la même période en 2022. Sur le front du logement ancien, les TPE du bâtiment subissent les effets délétères de la crise du logement. Ainsi, au regard de la flambée des taux d'intérêt, de nombreux acheteurs renoncent à leur projet, provoquant des tensions sur le marché de la vente qui se répercutent ensuite sur celui de la location. Ce qui n'est pas sans conséquence pour l'activité des professionnels du bâtiment.
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Si certaines régions apparaissaient plus concernées que d'autres, lors du deuxième trimestre 2023, le phénomène tend désormais à s'élargir de façon uniforme sur l'ensemble du territoire. Toutes les régions de l'Hexagone, sans exception, font face à un recul de l'activité du secteur, compris entre -0,5 et -1,5%. Et quasiment aucun corps de métier n'est épargné.
"Il est urgent de nous écouter"
Les entreprises de maçonnerie, généralement plus sollicitées sur le marché du neuf, celui qui concentre le plus de difficultés, sont logiquement les plus affectées. Leurs carnets de commandes se vident et offraient aux professionnels concernés 77 jours de travail à venir début octobre, soit 22 jours de moins qu'en 2022. De quoi générer un besoin pressant de trésorerie, accentué par l'allongement des délais de paiement des clients. Ainsi, 19% des entreprises connaissent ce type d'impératif, pour un montant moyen de 30.000 euros, contre 22.000 il y a un an. Par conséquent, le niveau d'emploi dans ces entreprises est, lui aussi, en recul (-0,8%).
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Pour Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, l'heure est donc venue d'interpeller le gouvernement. "Il est urgent d'agir frontalement et de nous écouter !", assène-t-il, jugeant l'exécutif trop peu réceptif aux signaux d'alarme lancés par le secteur. "Les TPE du bâtiment regroupent 97% des entreprises du bâtiment et réalisent 46% du chiffre d’affaires du secteur. Comment interpréter le peu de considération que le gouvernement accorde à nos propositions et à nos doléances ?"
La Capeb a déjà érigé une liste de 15 propositions destinées à insuffler un vent nouveau sur l'ensemble du secteur. Elle suggère notamment de simplifier drastiquement les dispositifs RGE, CEE et MaPrimeRenov', mis en place par le gouvernement, ou encore d'augmenter le nombre d'entreprises capables de réaliser des travaux de rénovation énergétique. De son côté, l'exécutif a maintenu la TVA à taux réduit (10%) sur les travaux de rénovation et a mis l'accent sur la réhabilitation du bâti scolaire.