Volonté de gagner du temps, de l’argent, ou tout simplement procrastination, voire flemme… Quand il s’agit de se payer entre elles, les entreprises prennent un temps fou. Les retards de paiement sont un fléau qui met régulièrement des sociétés en danger. Et alors que la situation semblait s’améliorer depuis deux ans, le Médiateur des entreprises a analysé les factures envoyées à 9.000 entreprises, et son tout dernier baromètre, publié mercredi, montre une dégradation préoccupante.
Une facture sur sept est tout simplement bloquée quelque part. Le chiffre est pire que l’année dernière. Sur 2,8 millions de factures analysées par la société Sidetrade, 15% étaient bloquées, contre 13% en 2018. Et le temps qu’il faut pour résoudre un blocage s’allonge : 48 jours en moyenne, soit quatre de plus sur un an. C’est parfois beaucoup plus long, comme le vit au quotidien Laurent Brouat, directeur général de L’École du recrutement, une petite entreprise de formation.
"Pour financer ça, j'ai eu besoin d'emprunter"
"Là je suis sur des factures, j'en ai une dizaine, qui datent d'il y a un an ; c'est-à-dire qu'on a des gens qui n'ont pas payé depuis un an", explique-t-il. "Le délai normal des paiements, c'est entre 60 et 90 jours. On a parfois des créances qui représentent 100 à 150.000 euros. On fait un chiffre d'affaire d'environ 800.000 euros, donc c'est un sacré montant", détaille-t-il. "Pour financer ça, j'ai eu besoin d'aller emprunter de l'argent", conclut le chef d'entreprise.
Tous les secteurs de l’économie sont concernés par ces retards. Leur origine est souvent la complexité des démarches quand on veut se faire payer par un grand groupe, selon Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. D'après lui, les petites sociétés ont du mal à anticiper et à s’en sortir quand un problème survient. Et les conséquences peuvent être fatales. Les retards de paiement sont en effet la cause d’une faillite d’entreprise sur quatre.