Ferrari s'est mise sur la grille de départ et n'attend plus que le coup d'envoi. Le constructeur automobile italien a formellement déposé une demande d'enregistrement en vue d'une entrée en Bourse, auprès du gendarme de la finance américaine, la SEC. L'intention de la marque est "de se coter sur le New York Stock Exchange", précise Fiat Chrysler Automobiles (FCA), propriétaire de Ferrari à 90% depuis 1969.
Dans les faits, FCA entend céder 10 % de son capital de Ferrari sur les marchés, et distribuer le reste à ses propres actionnaires, dont la famille Agnelli, fondatrice de Fiat. En clair, le cheval cabré restera sous la houlette des propriétaires de FCA, mais fera cavalier seul sur les marchés (les derniers 10% restent détenus par Piero Ferrari, fils d'Enzo, le fondateur de la marque en 1947).
>> De quoi changer l'avenir de cette marque historique ?
Une "carotte" pour les investisseurs... Une fois en Bourse, la valeur de Ferrari est estimée à 5 milliards d'euros par les analystes. Et à terme, le groupe espère attirer près de 10 milliards d'euros d'investissement. Une manne financière énorme, lorsque l'on sait qu'aujourd'hui, le groupe FCA dans sa totalité (Fiat, Mazerati, Chrysler et Ferrari) ne vaut "que" 14 milliards d'euros. Il faut dire que séparée de Fiat et de son image bas de gamme, le cheval cabré a de quoi séduire les actionnaires. Dans un récent entretien à Reuters, Sergio Marchionne, le directeur général, avait ainsi comparé Ferrari à une "carotte phénoménale" pour attirer des investisseurs américains.
… Qui entraîne un changement de philosophie. Mais une entrée en Bourse ne se fera pas sans conséquence. Jusqu'ici, Ferrari avait fait de la "rareté" sa marque de fabrique. Luca Cordero Di Montezemolo, l'ancien dirigeant récemment débarqué, avait même plafonné la production à 7.000 véhicules par an. L'idée : conserver une image de luxe, faîte de prix élevés mais aussi d'une qualité reconnue du monde entier. En clair, acheter une Ferrari se mérite. Et attendre deux ans avant de se faire livrer faisait jusqu'ici partie du rituel.
Mais avec cette entrée en Bourse, Sergio Marchionne, le nouveau boss, veut aussi changer de philosophie. Rien n'est acté, mais il se murmure que la production pourrait rapidement monter à 10.000 voitures par an. Dans l'esprit de Marchionne, attendre une voiture pendant deux ans n'est pas un rituel mais plutôt un prétexte pour aller acheter une Porsche. Avec Porsche, les délais de livraison sont insignifiants et la qualité est tout de même au rendez-vous. "On ne peut pas se permettre d’avoir dans certains pays des listes d’attente qui ne servent que la concurrence", soulignait Sergio Marchionne en septembre dernier.
Que vaudra l'action Ferrari ? Pour l'heure, rien n'a filtré sur le prix de l'action. Mais l'opération boursière s'annonce déjà comme un succès. Entre l'annonce, en octobre, de la future entrée en bourse de Ferrari et aujourd'hui, l'action FCA est déjà passée d'un peu moins de sept euros à plus de 14. Et pour cause : Ferrari se porte très bien, avec un chiffre d'affaire en croissance continue (2,76 milliards d'euros en 2014) et une marge opérationnelle de 14%, contre 3,4% pour Fiat Chrysler Automobiles. C'est simple, Ferrari est la troisième marque automobile la plus rentable, derrière Jaguar et Porsche.
Ferrari toujours italienne ? FCA, dont le siège est désormais à Londres, a rappelé début juillet que malgré ces changements, Ferrari allait demeurer résident fiscal en Italie, à Maranello, près de Modène. La société devrait continuer à fonctionner selon la loi italienne. La marque s'est aussi engagée à ne pas transférer ou réduire le personnel et les activités actuellement basées en Italie.