Fonderie de Bretagne : l’État, actionnaire minoritaire, peut-il intervenir auprès de Renault ?
La Fonderie de Bretagne, basée à Caudan dans le Morbihan, est menacée de fermeture. Mais l’État, actionnaire minoritaire, peut-il intervenir auprès de Renault, ancien propriétaire de l'entreprise ?
Il s'agit d'un des dossiers chauds qui attend François Bayrou pour cette nouvelle année. La Fonderie de Bretagne, qui emploie 350 personnes à Caudan, dans le Morbihan, est menacée de fermeture.
Renault, l’ancien propriétaire, est accusé d’avoir fait capoter la possible reprise par un groupe allemand. L’affaire prend une tournure politique, car plusieurs responsables syndicaux appellent le président de la République à intervenir. Et à Bercy, on suit l’affaire de très près.
Un sujet sur la table depuis quelques mois
Le dossier est sur le bureau des ministres, il est regardé et traité depuis plusieurs semaines déjà, assure l’entourage d’Eric Lombard, le ministre de l’Économie.
Son prédécesseur Antoine Armand avait même été interpellé sur le sujet, fin novembre. Quelques semaines plus tard, force est de constater que le gouvernement n’a pas réussi à convaincre Renault de s’engager auprès de la Fonderie de Bretagne.
"L’État est actionnaire de Renault, à hauteur de 15%"
Pourtant, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, plusieurs responsables syndicaux affirment que "l’État dispose de leviers pour imposer à Renault le jeu du Made in France". Emmanuelle Auriol, économiste spécialiste de l’industrie, n'est pas du même avis.
"L’État est actionnaire de Renault, à hauteur de 15%. Ce n’est pas un actionnaire petit, mais il ne peut pas faire la pluie et le beau temps avec ces 15%. Ça vous donne certains droits. À l’Assemblée générale, vous avez le droit de vote, vous pouvez participer à certaines décisions, mais vous n’êtes pas dans la gestion de l’entreprise. Vous, vous avez des parts dans votre PEA, ça ne vous donne pas le droit d’aller décider de ce qu’ils vont faire dans ces entreprises", détaille la spécialiste.
Plusieurs responsables syndicaux appellent Emmanuel Macron à intervenir
De la même façon, avoir bénéficié d’aides publiques, comme les quatre milliards d’euros de prêt garanti par l’État reçus par Renault pendant la crise Covid, n’impose pas, sauf condition spécifique, des contreparties selon l’experte.
En tout cas, plusieurs responsables syndicaux appellent Emmanuel Macron à intervenir auprès de la direction du constructeur. Renault qui assure de son côté que ses engagements ont toujours été connus de tous les acteurs depuis plusieurs semaines.