Un peu tôt pour parler d'un retournement de tendance, mais léger coup de froid pour l'emploi salarié privé en France : le troisième trimestre a été marqué par une "quasi stabilité" avec la destruction de 17.700 postes (-0,1%). Après plusieurs trimestres de nette augmentation en 2021 et 2022, "il s'agit du deuxième trimestre de quasi-stabilité" (après +0,1% au trimestre précédent), a souligné l'Insee dans son estimation provisoire publiée vendredi.
Dans le rouge pour la première fois depuis la crise sanitaire
Depuis 2020, pendant la crise sanitaire, l'emploi privé n'était plus passé dans le rouge. Hors Covid, il faut remonter au troisième trimestre 2018 pour un recul de l'emploi salarié privé. Mais "il faudra attendre quelques mois avant de parler de retournement, on est sur des évolutions qui restent assez mesurées sur deux trimestres", a commenté auprès de l'AFP Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l'Insee. Ces résultats vont de pair avec une croissance modeste au troisième trimestre (+0,1%), après +0,6% au trimestre précédent. Et ils sont conformes aux prévisions de l'Institut, a souligné Yves Jauneau.
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Dans sa dernière note de conjoncture, mi-octobre, l'Insee avait ainsi prévu que les créations d'emploi "marqueraient le pas" au deuxième semestre, compte tenu "d'une croissance modérée de l'activité attendue". "Après avoir ralenti au deuxième trimestre, l'emploi serait globalement stable entre fin juin et fin décembre", écrivait l'institut. Selon les résultats provisoires publiés vendredi, l'emploi salarié privé excède toujours de 0,7% son niveau d'un an auparavant (soit +138.800 emplois) et celui d'avant la crise sanitaire --fin 2019-- de 6% (soit +1,2 million d'emplois).
"Disparités"
Au troisième trimestre, Yves Jauneau note de "relatives disparités" entre les secteurs, avec "un nouveau recul dans l'intérim et dans la construction" et un ralentissement dans le tertiaire marchand, secteur où il y a eu énormément de créations d'emploi depuis l'après crise sanitaire. Dans le même temps, l'emploi industriel "continue, lui, d'augmenter". Dans le détail, l'intérim, boussole du marché de l'emploi, baisse pour le troisième trimestre consécutif. Au troisième trimestre, ce secteur baisse de 1,9% (-15.300 emplois) après -0,5% au deuxième trimestre et -2,5 % au premier. L'emploi intérimaire est légèrement au-dessous de son niveau d'avant la crise sanitaire (-0,5%).
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Hors intérim, l'emploi salarié privé augmente "modérément" dans l'industrie et baisse dans la construction et le tertiaire non marchand, relève l'Insee. L'emploi salarié privé industriel augmente de 0,2 % (soit +6.400 emplois, après +5.300 emplois au trimestre précédent). Après avoir rattrapé son niveau d'avant-crise au quatrième trimestre 2021, il le dépasse désormais de 2,2 % (soit 68.300 emplois nets créés depuis fin 2019). Dans la construction, l'emploi salarié privé diminue de nouveau au troisième trimestre 2023: -0,3% (soit -4.800 emplois), après -0,5% au deuxième trimestre. Il reste largement au-dessus de son niveau de fin 2019 (+7,1%, soit +104.400 emplois).
Dans le tertiaire marchand hors intérim, l'emploi salarié privé est stable au troisième trimestre, après +0,2% au deuxième trimestre (soit +900 emplois après +21.600 emplois). Il dépasse très largement le niveau d'avant-crise (+7,7 % soit +898.300 emplois). Enfin, dans le tertiaire non marchand, l'emploi salarié privé diminue légèrement au troisième trimestre 2023: -0,2% (soit -4.200 emplois), après une stabilité au deuxième trimestre 2023. Il dépasse le niveau de fin 2019 de 4,3 % (soit +111 700 emplois).