La fusée Falcon Heavy de l'entrepreneur Elon Musk était lancée mardi dans l'espace, et envoyait par la même occasion l'une de ses voitures Tesla en direction de la planète Mars. Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste de la politique spatiale, était l'invité de l'émission C'est arrivé cette semaine. Pour Europe 1, il analyse ce coup de com' aux dimensions inédites, et explique quelles sont, au-delà, les avancées pour la science et l'industrie spatiale.
"L'espace plus accessible". Le lancement, qui a permis à la Nasa a de récupérer deux lanceurs, est une prouesse technologique, reconnaît le spécialiste. Pas une "immense" prouesse puisque, selon lui, la prochaine grande prouesse serait l'arrivée sur Mars. "En revanche, c'est une rupture dans la manière d'arriver à l'espace." C'est aussi une "manière de rendre l'espace plus accessible parce qu'on va récupérer des morceaux de fusée extrêmement coûteux et ils sont censés pouvoir être réutilisés."
"Un acteur très singulier dans le monde spatial". Ce vol était un vol d'essai avec une technologie amenée à propulser des satellites. Elon Musk "a bâti cette société - Space X - en 2002 parce qu'il veut aller sur Mars. Il a cette obsession, il ne vient pas du tout de la conquête spatiale mais de l'internet. Il a une vision, plus large que le monde spatial lui-même, une vision de société. Il fait aussi Tesla (voitures électriques), Hyperloop (train ultra rapide), etc. Il propose une sorte de nouveau modèle de société. C'est un acteur très singulier dans le monde spatial." On a, en visionnant les visages du lancement et des lanceurs qui reviennent, "une dramaturgie, le sentiment de quelque chose de nouveau, d'une histoire qu'on est en train de faire."
"Mars reste très hostile". Néanmoins, un bémol pour ce mythe dont l'aboutissement d'installer une colonie sur Mars. "C'est ce qui fragilise sa position" de grand entrepreneur du futur, selon Xavier Pasco. "Il a fait ce film avec des grandes fusées, qui vont faire des milliers de vols avec des centaines de gens à bord. Les dates ne sont pas très précises, mais même d'un point de vue technique, on ne sait pas le faire. On n'est pas du tout sûr que ce soit bien-fondé, car Mars reste très hostile. Musk n'a pas de solution miracle et ça fait de lui un aventurier peu crédible."