Total a perdu plus de sept milliards d'euros en 2020. Le pétrolier français s'en sort toutefois mieux que ses concurrents - BP, Shell ou Exxon Mobil - qui ont annoncé chacun plus de 20 milliards de dollars de pertes. La crise du Covid est en cause et pousse toutes les majors à réorienter leur stratégie. Ce mouvement avait déjà commencé il y a quelques années, mais il s’est accéléré depuis l'éclatement de la pandémie.
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Le "pic oil", date à laquelle la consommation mondiale de pétrole est supposée arriver à son maximum, a été avancé. Jusqu’à présent, la date de 2050 était évoquée mais les prévisions tablent désormais plutôt sur 2040 voire 2030. En effet, les avions vont mettre du temps avant de décoller à nouveau et sûrement passer à l’hybride dans les années à venir. Les plans de relance misent beaucoup sur le vert, notamment pour les transports, et les actionnaires poussent également à s’orienter vers les énergies vertes.
De "Total" à "Total énergie"
Le nouveau patron de BP, géant britannique du pétrole, pense même que ce pic est déjà passé et que l’on ne retrouvera plus les niveaux de consommation d'avant Covid. Il a donc prévu de réduire sa production de pétrole de 40% et de multiplier par dix ses investissements dans les énergies renouvelables. Le mouvement semble généralisé en Europe. Les compagnies Shell, Eni ou encore Total annoncent toutes un coup d'accélérateur sur le renouvelable.
La dernière a même annoncé mardi qu'elle allait changer de nom pour devenir "Total énergie". Plus qu’un détail, cela signifie que Total ne veut plus être seulement un géant du pétrole mais un géant de "l'énergie". Son objectif est de vendre "seulement" 30% de pétrole, contre 50% de gaz et 15% d'énergie renouvelables d'ici dix ans. L’entreprise aspire aussi à intégrer le top 5 des plus gros fournisseurs d'électricité renouvelable au monde. A l'échelle du groupe, qui multiplie les acquisitions, c'est une révolution.
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Les Américains plutôt frileux ?
Cette mutation est un pari car aujourd’hui, les énergies renouvelables ne rapportent pratiquement rien. Aux Etats-Unis, les compagnies pétrolières ont une toute autre stratégie : "Les Américains, pour l’instant, ont besoin d’être convaincu que cette diversification va maintenir leur rentabilité. On ne prend pas le risque sur des énergies renouvelables dont on ne connait pas aujourd’hui la véritable rentabilité à long terme", explique Alain Corbani, spécialiste pétrole chez Finances SA. Il décrit des Américains qui préfèrent pour l'instant se focaliser sur une réduction de leur empreinte carbone au travers de nouvelles technologies, tout en maintenant leur focalisation sur la production de pétrole classique, "le pétrole de schiste", précise-t-il.
Le géant américain Exxon mobil espère d’ailleurs devenir le leader des techniques de capture de CO2. Il ne s’agit donc pas encore de la fin du pétrole. Si la demande est amenée à diminuer, il y aura toujours un besoin en pétrole, par exemple dans les pays qui n'ont pas les moyens d'acheter des voitures électriques. Le déclin est en tout cas amorcé.