Le gestionnaire du réseau gazier français Teréga souhaite remettre "sur la table" un projet d'interconnexion entre l'Espagne et la France, a annoncé jeudi son PDG Dominique Mockly. "On va proposer dans les semaines qui viennent que les projets sud-nord soient remis sur la table", a déclaré lors d'une conférence de presse Dominique Mockly, dont l'entreprise gère le réseau gazier du quart sud-ouest de la France. Les régulateurs de l'énergie français et espagnol avaient en 2019 donné un avis défavorable à un projet de nouvelle interconnexion gazière à travers les Pyrénées, baptisée Step, qui devait préluder à un projet plus large baptisé MidCat (Midi-Catalogne).
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Un projet d'importance "cruciale" pour réduire la dépendance au gaz russe
Le projet, par ailleurs critiqué par les ONG de défense de l'environnement, était à l'époque jugé coûteux et inutile. Mais Teréga, encouragé par l'intérêt renouvelé de la Commission européenne pour cette infrastructure, estime que la situation a changé depuis. MidCat revêt une importance "cruciale" pour "réduire notre dépendance aux énergies fossiles russes", a récemment jugé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a lancé un grand plan pour l'indépendance énergétique du continent vis-à-vis de la Russie.
L'Espagne dispose en effet de capacités importantes d'importation de gaz naturel liquéfié (GNL), qui pourrait ainsi remonter plus facilement vers le nord de l'Europe. "Ces capacités, dans la crise que l'on a aujourd'hui, on ne peut pas se permettre de se dire qu'on va passer dessus et qu'on ne regarde pas", a estimé Dominique Mockly. "Si nos amis Italiens proposent une connexion directe entre Barcelone et Gênes, c'est parce qu'ils ne vont pas se gêner à la faire", a-t-il observé.
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La régulateur français très réservé sur le sujet
Selon Teréga, l'interconnexion gazière France-Espagne existante tourne déjà fréquemment à plein régime. Et le flux, traditionnellement orienté vers le sud, circule désormais vers le nord depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Une nouvelle liaison devrait aussi servir de "première brique de la dorsale hydrogène européenne". "On commence par du gaz mais il faudra que cette infrastructure soit dimensionnée ensuite pour passer à l'hydrogène", a indiqué Dominique Mockly.
Le régulateur français s'était montré encore très réservé sur le sujet mercredi "compte tenu du développement des terminaux méthaniers en Europe du nord, compte tenu du bon fonctionnement de nos terminaux gaziers, compte-tenu du coût...". "Vous imaginez ? On va faire Notre-Dame des Landes sur le pic d'Aneto", avait lancé le président de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Jean-François Carenco, en allusion à un projet d'aéroport avorté dans l'ouest de la France.