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Barthélémy Philippe / Crédits photo : JOEL SAGET / AFP
Alors que sa publication est prévue le 13 juin, le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites est déjà très attendu. Ce jeudi, le nouveau président de l’institution Gilbert Cette a convié les membres du Conseil pour une réunion préparatoire. L’occasion d’exposer ses objectifs.

C’est un document important. Et pour cause, il donne les perspectives sur l’évolution et les projections financières du système de retraites par répartition pour les 50 ans à venir. Cette année, la méthode devrait changer : l’an dernier, en pleine réforme, l’ex-président du Conseil d’orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras avait agacé l’exécutif en affirmant que les dépenses de retraite ne dérapaient pas.

La multiplicité des hypothèses macro-économiques prises en compte dans le document ajoutait à la confusion en donnant du grain à moudre aux partisans comme aux opposants de la réforme. Mal lui en a pris puisqu’il a été remercié quelques mois plus tard pour être remplacé par l’économiste Gilbert Cette, souvent décrit comme proche du pouvoir. Même s’il clame son indépendance, l’ancien président du groupe d’experts sur le SMIC a en effet appelé à voter Macron par le passé.

Le spectre d’une nouvelle réforme explosive

En tout cas, il n’a pas froid aux yeux. Gilbert Cette a la ferme intention de dépoussiérer le rapport annuel du COR, quitte à froisser les membres de l’institution. Et au premier chef, les syndicats de salariés. Le prochain rapport devrait donc présenter un seul scénario de référence. Plutôt que 1%, les projections seront basées sur une hypothèse de croissance de la productivité plus réaliste, à 0,7%.

Un niveau de croissance plus faible, c’est moins de cotisations pour le régime des retraites et un déficit potentiel plus important. Déficit auquel le président du COR voudrait ajouter les subventions massives que l’État verse pour équilibrer le régime des fonctionnaires.

"Jusqu’à présent, le rapport du COR ressemblait à une auberge espagnole"

Une stratégie que salue l’économiste de l’institut libéral Molinari, Nicolas Marques. "Gilbert Cette veut faire la transparence sur les retraites et c’est tout à fait louable. Jusqu’à présent, le rapport du COR ressemblait à une auberge espagnole, il y avait des éléments pour ceux qui considèrent que tout va bien parce que le Conseil ne prenait pas en compte le dérapage des retraites des fonctionnaires. L’essentiel des déficits de retraite sont dans le secteur public parce que l’État n’a pas de caisse de retraite et que c’est son budget qui supporte les coûts liés aux retraites des fonctionnaires", affirme-t-il.

Problème : un rapport alarmiste pourrait mettre en évidence le fait qu’une nouvelle réforme s’impose rapidement alors que la dernière a déclenché une véritable explosion sociale, qui a duré près de six mois.