Dernière étape judiciaire du dossier industriel de l'été : la justice tranche jeudi sur l'offre de reprise partielle de l'équipementier automobile creusois GM&S, sur fond de baroud des salariés qui "continuent la lutte" pour arracher un "mieux" sur l'emploi et les indemnités.
Un combat jusqu'au bout. "On continue la lutte, on va continuer à bloquer les sites PSA et Renault. Même quand le verdict va tomber, on va continuer à se battre jusqu'au bout", lançait encore mercredi soir Yann Augras, secrétaire du CE et délégué CGT, arrivé avec un car de salariés à Sept-Fons (Allier) dans l'intention de bloquer l'usine PSA, une gageure face aux quelque 80 CRS qui protégeaient le site.
En début de soirée, une soixantaine de salariés avaient monté des tentes à proximité du site PSA, et prévoyaient de rester sur place jusqu'à jeudi, jour du jugement qui leur sera communiqué sur place par leur avocat venu de Clermont-Ferrand, Me Jean-Louis Borie.
Pas d'ultime coup de pouce en perspective. Les GM&S espéraient toujours mercredi soir, avant la décision du tribunal, qu'une ultime réunion avec les constructeurs sous l'égide de Bercy permette un nouveau coup de pouce aux compensations financières, selon une source syndicale. Mais en début de soirée, Bercy a confirmé qu'aucune réunion n'était prévue "à ce stade".
Des indemnités et des commandes supplémentaires. Les syndicats réclament 75.000 euros d'indemnité extra-légale par licencié et "un plan social digne de ce nom" pour un personnel à plus de 50 ans de moyenne d'âge. Les salariés jugent également que les garanties de commandes (22 millions d'euros annuels sur cinq ans) arrachées à PSA et Renault par Bercy ne sont pas un gage de la pérennité du site, en difficultés financières depuis des années après d'éphémères reprises. L'usine de sous-traitance mécanique a compté jusqu'à 600 salariés en 1990.
De futures conditions de travail en question. Ils se demandent également comment l'usine, spécialisée dans l'emboutissage, l'assemblage et la tôlerie, pourra continuer de fonctionner avec 120 salariés retenus par le candidat à la reprise au lieu de 277. Pour ceux qui continueront l'aventure, le syndicaliste Yann Augras s'interroge : "Pourquoi nous avoir choisis nous, et pas nos collègues ? Quelles vont être nos conditions de travail à 120 personnes au lieu de 277 ? Et quel avenir ?"
Une implication du gouvernement. Le deuxième employeur privé de la Creuse avait été placé en liquidation fin juin, au terme de mois de manifestations, blocages et tractations, qui en ont fait un dossier social chaud des derniers mois du gouvernement Cazeneuve, puis des premiers mois du gouvernement Philippe, avec une forte implication de Bercy auprès des constructeurs notamment. Le président Emmanuel Macron et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire se sont particulièrement investis dans ce casse-tête social, industriel et territorial, pour éviter la liquidation pure et simple.