"Faucons" contre "colombes". Les deux termes sont régulièrement utilisés dans les médias ces derniers jours, au sujet du dossier grec. Depuis le début du week-end, ils désignent les partisans d'un accord avec la Grèce (les "colombes"), contre ceux qui demandent plus de garanties à Athènes, et envisagent son exclusion de la zone euro ("les faucons, donc). Mais d'où proviennent ces termes ?
À l'origine, ils volent au sommet de la politique monétaire. "Les deux expressions proviennent des milieux de politique monétaire, les banques centrales notamment. Cela fait des décennies qu'ils sont utilisés, principalement aux Etats-Unis", décrypte pour Europe 1 Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank. Les "faucons" désignent ainsi les partisans de l'orthodoxie budgétaire, d'une politique monétaire plus rigide, cuisinée à base de fort taux d'intérêt d'emprunt, d'inflation relevée et d'une faible dose d'endettement. "Le faucon donne une image d'intransigeance, là où la colombe parait plus souple et désigne les partisans d'une politique de relance par le crédit", poursuit le spécialiste.
Pourquoi emploie-t-on ces termes aujourd'hui ? Rigueur budgétaire contre relance... On retrouve le même conflit au sujet de la Grèce. Certes, Athènes accepte de nouvelles économies budgétaires. Mais elle demande aussi de pouvoir emprunter encore de l'argent pendant trois ans et d'effacer une partie de sa dette. Le terme "colombe" sied donc bien aux pays qui acceptent finalement cette "souplesse" (France, Italie, Espagne....). Et celui de "faucons" à ceux qui se montrent plus intransigeants, Allemagne et Finlande en tête. Les deux pays ont une dette notée triple A, la meilleure note, et font d'ailleurs figure d'exemple d'orthodoxie budgétaire.
"Généralement, le terme correspond bien à la politique prônée par le pays ou le gouverneur de banque centrale. Le terme est donc assumé. Ce n'est pas péjoratif", conclut Christopher Dembik. En résumé, "faucons" et "colombes" valent mieux que "vautour", terme qui désigne, lui, ceux qui s'enrichissent sur la dette des pays pauvres.