Il représentera la Grèce mardi lors du prochain Eurogroupe. Euclide Tsakalotos, chef de l'équipe de négociateurs grecs avec les créanciers de la Grèce, va être nommé ministre des Finances en remplacement de Yanis Varoufakis, qui a démissionné dans la matinée, a annoncé lundi la présidence grecque. Après sa prestation de serment lundi soir, cet économiste de formation, anciennement député de Syriza, s'envolera pour Bruxelles mardi afin de défendre les positions grecques lors d'un nouvel et énième Eurogroupe.
Un homme expérimenté. Ce professeur d'économie de 55 ans, né aux Pays-Bas et formé à l'université britannique d'Oxford, n'est pas un novice en matière de politique. En charge à son ministère précédent des affaires économiques, il était aussi depuis fin avril coordinateur de l'équipe grecque à Bruxelles. Un poste qui lui a permis d'expérimenter les dures séances de négociations avec les ministres des Finances de la zone euro. C'est aussi pour cette raison que sa nomination en remplacement de Yanis Varoufakis n'a été une surprise pour personne.
La forme change, pas le fond. Si Euclide Tsakalotos avait été mis en avant lors des négociations, c'est que l'iconoclaste Yanis Vafourakis hérissait le poil des ministres européens par son tempérament fougueux et imprévisible. Il diffère en effet par sa personnalité, plus posé et plus discret.
Un proche le décrit aussi comme un homme "avec des manières délicates, sachant écouter, doté d'esprit d'analyse, synthétique, très cultivé, pas le technocrate de base, stable dans sa pensée, respectueux de son interlocuteur, doté d'un grand esprit d'éthique".
Mais pour le fond, le nouveau ministre hellène a les mêmes idées à coloration marxiste que son prédécesseur et s'est déjà montré dur dans ses propos envers les créanciers. Il a par exemple déjà accusé franchement les interlocuteurs de la Grèce "de n'avoir pas semblé prêts au compromis", et d'être "arc-boutés sur des demandes irréalistes".
La tâche qui l'attend. Euclide Tsakalotos va avoir pour mission de retisser une confiance largement entamée entre la Grèce et ses créanciers (BCE-UE et FMI) après cinq mois de négociations en dent de scie. Et le "non" qui l'a emporté dimanche lors du référendum grec n'a rien arrangé. Et si la France se montre plutôt conciliante, c'est moins le cas des autres membres de l'Union européenne.
Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a convenu par téléphone lundi matin avec la chancelière allemande de présenter mardi de nouvelles propositions lors d'un nouveau Eurogroupe à Bruxelles. C'est Euclide Tsakalotos qui aura donc la lourde tâche de les présenter à ses acolytes de la zone euro.
"Nous souhaitons continuer la discussion" avec les créanciers, "je crois que quelque chose peut changer en Europe", a déclaré lors d'une première intervention publique lundi soir le nouveau ministre. Il a aussi avoué avoir le "trac" en prenant ce portefeuille des Finances "dans un moment qui n'est pas le plus facile dans l'histoire grecque". Faisant référence au projet des créanciers soumis par référendum dimanche et auquel les Grecs ont répondu majoritairement "non", il a estimé qu'il s'agissait d'"une solution non viable".