C'est un véritable pavé dans la mare. Alors que le Parlement grec doit adopter mercredi les mesures d'austérité exigées par les créanciers d'Athènes dans le cadre de l'accord trouvé lundi, le Fonds monétaire international (FMI) fait clairement entendre une autre voix que celles des Européens. Selon un rapport de l'institution de Washington publié mardi, la zone euro doit aller "beaucoup plus loin" que prévu pour alléger la dette de la Grèce et pourrait même être contrainte d'en effacer une partie.
Aller "beaucoup plus loin". "La dette de la Grèce ne peut désormais être viable qu'avec des mesures d'allègement de la dette qui vont beaucoup plus loin que ce que l'Europe a envisagé de faire jusque-là", écrit le FMI dans ce rapport remis samedi aux autorités européennes, avant le compromis conclu lundi avec Athènes. Ce pré-accord prévoit une nouvelle aide de 82 à 86 milliards d'euros conditionnée à l'adoption rapide de réformes à Athènes et ne fait qu'une allusion rapide à un possible allègement de la dette grecque.
Dans son rapport, le Fonds assure pourtant que la dette grecque est "totalement non viable" et prévoit qu'elle approchera les 200% de son produit intérieur brut dans "les deux prochaines années", contre un ratio d'environ 175% actuellement. Dans ce contexte, le Fonds estime que l'Europe n'a d'autre choix que d'alléger la dette grecque, une option âprement combattue par l'Allemagne, sans quoi l'institution de Washington se refusera à participer à l'assistance financière à la Grèce.
Les propositions du FMI. Le FMI soumet trois options aux Européens. La première consisterait à étendre de 10 à 30 ans le "délai de grâce" pendant lequel la Grèce n'aurait pas à rembourser sa dette aux Européens. La deuxième résiderait dans des "transferts annuels" de fonds à la Grèce et la troisième serait un "effacement de dette" pur et simple.
Souvent vu comme le grand méchant loup en Grèce, le FMI apporte ainsi cette fois un soutien de poids à Alexis Tsipras. Mardi, le Premier ministre grec s'est expliqué à la télévision sur le compromis trouvé avec les créanciers. "J'assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais je le signe pour éviter tout désastre au pays", a-t-il déclaré.