Il avait promis de démissionner en cas de victoire du oui au référendum grec. C'est le non qui l'a largement emporté dimanche, et pourtant, Yanis Varoufakis a tout de même quitté son poste de ministre des Finances. Une démission annoncée lundi sur son blog personnel. Dans un billet intitulé "Ministre, c'est terminé !", Yanis Varoufakis indique clairement que son départ vise à donner des gages aux créanciers d'Athènes. "Peu de temps après l'annonce des résultats du référendum, on m'a informé d'une certaine préférence de certains membres de l'Eurogroupe, et de 'partenaires' associés, pour mon... 'absence' des réunions ; une idée que le Premier ministre a jugé potentiellement utile à l'obtention d'un accord. Pour cette raison je quitte le ministère des Finances aujourd'hui", écrit Yanis Varoufakis.
Dans un communiqué, ce même ministère a confirmé lundi que c'est Alexis Tsipras qui a demandé le départ de son ministre. Une décision en forme de signal envoyé à Bruxelles et aux autres capitales de la zone euro. "Les créditeurs disaient que c'était lui l'obstacle. C'est une démarche d'apaisement", a analysé lundi sur Europe 1 Stelios Kouloglou, eurodéputé grec de Syriza.
Déclarations provocatrices. Il faut dire que depuis sa nomination au gouvernement qui a accédé au pouvoir en Grèce après la victoire de Syriza, en janvier dernier, Yanis Varoufakis a entretenu le don d'agacer prodigieusement les "partenaires" d'Athènes. Avec ses tenues décontractées, son sourire carnassier et surtout ses déclarations provocatrices, le professeur d'économie de 54 ans a rapidement détonné dans les médias, mais il s'est aussi mis à dos le monde policé de Bruxelles. Au point de s'attirer des reproches jusqu'à l'intérieur de son propre camp. Comme en mars dernier, lorsque Alexis Tsipras indiquait à la presse allemande avoir demandé à son gouvernement "de parler moins et d'agir plus", visant implicitement son ministre des Finances.
Les rappels à l'ordre n'ont pourtant pas calmé le ministre au crâne rasé. Samedi, la veille du référendum, Yanis Varoufakis n'a pas hésité à accuser les créanciers du pays de "terrorisme" et de vouloir "humilier les Grecs". Lundi, il a ponctué son départ d'une nouvelle pique dans son billet de blog : "je porterai le dégoût des créanciers avec fierté". "C'est un homme très entier qui a beaucoup de fougue, beaucoup de foi", a estimé le ministre français des Finances, Michel Sapin, lundi sur Europe 1. Mais "le terme de terrorisme, surtout quand on le vit depuis la France, quand on sait comment nous nous avons été frappés par le terrorisme, c'est quelque chose qui est mal passé".
Et maintenant ? Le départ de Yanis Varoufakis facilitera-t-il le dialogue ? Sur les marchés, l'annonce a été plutôt bien accueillie : le cours de l'euro résistait lundi matin, dans un contexte de forte incertitude sur la suite des évènements. Les ministres des Finances de la zone euro attendent désormais "de nouvelles propositions de la part des autorités grecques", ont-ils affirmé dans un communiqué. François Hollande et Angela Merkel doivent se voir lundi soir et une réunion de l'Eurogroupe est prévue mardi à Bruxelles.
En attendant, Berlin a réagi plutôt sèchement au départ de Yanis Varoufakis. Ce qui compte, ce sont "les positions et non les personnes", a déclaré lundi le porte-parole d'Angela Merkel. Preuve qu'aux yeux de la chancelière allemande, le départ du bouillonnant ministre est loin de constituer un gage suffisant pour reprendre les discussions.