Opération escargot sur l'autoroute A1 en direction de Paris vers Arras, mobilisation sur l'A21 entre Dourges et Lens, barrages filtrants en Pays de la Loire et en Nouvelle Aquitaine… Très tôt, lundi matin, les salariés du transport routier sont passés à l'action pour mettre en place des blocages visant des dépôts de carburant un peu partout en France. Ils protestent contre la réforme du code du travail, dont ils se méfient des conséquences sur leur situation.
Primes renégociées à la baisse ? Dans leur collimateur, il y a d'abord les ordonnances adoptées vendredi par le conseil des ministres. Dans un secteur où 80% des entreprises ont moins de 20 salariés, avec une présence syndicale en pointillés, la CGT et FO craignent que les employeurs s'emparent des nouvelles possibilités offertes par la réforme du code du travail pour réduire les garanties des salariés. Les deux syndicats évoquent notamment les primes qui pourraient être renégociées à la baisse, mais aussi le licenciement facilité avec le plafonnement des dommages intérêts aux prud'hommes.
Le congé de fin d'activité au cœur des discussions. Autre sujet d'inquiétude : les syndicats redoutent que le transport routier fasse les frais des discussions en cours entre la France et les pays d'Europe centrale pour trouver un accord sur le travail détaché. Il y a également le sujet ultra-sensible du congé de fin d'activité, qui a permis à 16.000 chauffeurs d'arrêter le travail à 57 ans. Le financement de ce dispositif a été sécurisé juste avant l'élection présidentielle, mais les syndicats appréhendent une remise en cause dès l'an prochain de l'accord qui a été trouvé. Des craintes que la ministre des Transports, Élisabeth Borne, a voulu dissiper : "Le congé de fin d'activité sera maintenu. L'État assurera sa part de financement", a-t-elle précisé avant le week-end.