Les départs en vacances risquent d’être plus compliqués que prévu. Alors que la grève à la SNCF doit s’arrêter le 28 juin, la CGT-Cheminots est décidée à poursuivre le mouvement en juillet. Le premier syndicat de la compagnie de chemin de fer a déjà proposé trois dates : les 2, 6 et 7 juillet, les deux derniers jours correspondant au premier gros week-end estival. Mais la CGT, premier syndical de la SNCF, fait pour l’instant cavalier seul : hormis SUD-Rail, les autres syndicats ne semblent pas favorables à une grève en juillet.
Sans l’Unsa et la CFDT. L’Unsa est le premier syndicat à s’être désolidarisé du mouvement intersyndical entamé le 3 avril. L’organisation réformiste a annoncé mardi qu’elle ira jusqu’au bout de la grève en cours, le 28 juin, mais pas plus loin. Pas complètement satisfait du contenu du pacte ferroviaire, l’Unsa préfère toutefois concentrer ses forces pour les négociations à venir sur la convention collective nationale (CCN) de la branche ferroviaire et celles au sein de la SNCF. "On mobilisera à bon escient", a dit son secrétaire général Roger Dillenseger.
Dans le sillage de l’Unsa, la CFDT, l’autre syndicat réformiste de la SNCF, pourrait décider de ne pas appeler à prolonger la grève. Entendue par la ministre des Transports et les parlementaires, la CFDT a réussi à modifier le projet de loi initial en obtenant des garanties sociales, notamment sur le transfert des personnels de la SNCF vers des concurrents privés. Mais le syndicat attend des engagements supplémentaires sur la rémunération.
Dates à déterminer. Résultat, la CGT-Cheminots ne peut espérer être rejointe que par SUD-Rail pour un éventuel mouvement de grève estival. Son secrétaire fédéral, Erik Meyer, a expliqué que le syndicat allait abandonner le débrayage programmé avec un calendrier "auquel les cheminots ne trouvent plus de sens" et "cibler des dates de grève qui permettraient de redynamiser le mouvement". Mais pour l’instant, SUD-Rail n’a pas approuvé les dates avancées par la CGT, qui pourrait donc revoir sa proposition pour tenter de convaincre son allié. C’est notamment l’objet de l’intersyndicale de mardi soir.
Un manque de soutien qui ne semble pas entamer la détermination de Laurent Brun. "Nous allons poursuivre au mois de juillet", a certifié le secrétaire général de la CGT-Cheminots. "Pour combien de temps ? On verra. Comment ? On verra. Il n'est pas question de s'arrêter au calendrier, puisque le gouvernement souhaite passer en force", souligne-t-il au micro d’Europe 1. Mais sans ses alliés, la CGT pourrait avoir du mal à perturber réellement le trajet des vacanciers.
Représentativité limitée. La CGT est le premier syndicat à la SNCF avec un score de 34,3% lors des élections professionnelles de 2015 (il n’existe pas de chiffres officiels plus récents). L’organisation de Laurent Brun devance l’Unsa (23,9%), SUD (16,8%), la CFDT (15,1% mais un tiers des conducteurs) et FO (9,16%, syndicat non représentatif). Au total, le taux de syndicalisation à la SNCF avoisinerait les 20%, selon le chercheur Dominique Andolfatto, qui a mené une étude sur le sujet en 2013. On peut donc estimer que la CGT représente environ 7% des salariés de la SNCF, et l’apport de SUD pourrait faire grimper le chiffre à un peu plus de 10%.
Difficile donc d’imaginer que la CGT-Cheminots puisse sérieusement perturber les départs en vacances. D’autant que la mobilisation est au plus bas. Lundi, lors du 32ème jour de grève en moins de trois mois, seuls 11% des employés de la SNCF étaient en grève, le taux le plus faible depuis le début du mouvement en avril. Par conséquent, le trafic était moins perturbé que lors des épisodes de grève précédents. Enfin, la SNCF est désormais organisée : depuis fin avril, elle ne met en vente que des billets pour des trains sûrs de circuler. Un dispositif qu’elle reconduirait en cas de grève en juillet.