Le groupe SEB pense désormais à moyen et long terme. Le leader mondial du petit électroménager a annoncé mardi que la plupart de ses produits seraient désormais réparables pendant au moins dix ans. Cela en fait-il pour autant un héros de la lutte contre l’obsolescence programmée ? Europe 1 a posé la question à Erwann Fangeat, ingénieur à l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et en charge de la filière déchet, recyclage et allongement de la durée de vie des produits.
Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ? La France est le premier pays au monde à avoir défini dans la loi ce qu’était l’obsolescence programmée et à en faire un délit. Cette notion désigne l’ensemble des techniques par lesquelles un fabricant réduit délibérément la durée de vie d'un produit afin d’en accélérer le renouvellement. Le cas le plus connu est celui de Dupont de Nemours qui, après avoir inventé des collants très résistants, en modifia la fabrication pour qu’ils s’usent plus vite. De même, certaines imprimantes intégraient une puce qui empêchait l’appareil de fonctionner au-delà d’un certain nombre de pages imprimées. Il n’y a pas d’exemple avéré d’obsolescence programmée ces 24 derniers mois. En revanche, on observe un taux de renouvellement toujours élevé pour des appareils qui, pourtant, fonctionnent encore. C’est notamment le cas dans la téléphonie mobile.
L’initiative de SEB relève-t-elle de l’affichage ? Nous sommes ravis qu’un grand fabricant français fasse en sorte que ses produits soient le plus durables possible. On n’est pas dans du "greenwashing" avec SEB : il y a toute une infrastructure à mettre en place, avec un coût, etc. Et ce n’est pas une démarche purement commerciale, SEB le fait car c’est plus rentable : développer l’écoconception permet de passer moins de temps sur les réparations. Il y a d’ailleurs pas mal de fabricants qui ont déjà étendu leur garantie commerciale à cinq ans, à l’image de Malongo dont les produits sont complètement modulables et donc plus facilement réparables. Tout cela va dans le sens d’un allongement de la durée de vie des produits ou du moins d’une prise de conscience de cette thématique.
Comment peut-on agir pour rallonger la durée de vie des produits ? Il y a beaucoup à faire pour allonger la durée de vie des produits. La première des choses serait de pouvoir la mesurer de façon normative pour en informer le consommateur. Entre deux produits, le premier critère de choix est le prix mais si on explique qu’un appareil un peu plus cher va durer plus longtemps, le consommateur peut arbitrer autrement. Il faut également encourager l’écoconception des produits, qui consiste à les rendre plus facilement démontables et réparables ou encore soutenir le secteur de la réparation. Sans oublier de travailler sur le comportement des consommateurs : outre l’importance qu’ils accordent au prix d’un produit plutôt qu’à sa durée de vie, certains utilisent mal leurs appareils ou ne savent pas les entretenir. La majorité des pannes dans l’électroménager sont par exemple dues à un défaut d’entretien.